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SACERDOCE

L'histoire des religions présente l'exercice du sacerdoce et la figure du prêtre sous les traits les plus variés, parfois les plus contrastés. Mais, pour que des spécialistes du sacré apparaissent dans une société et s'y maintiennent comme corps, il faut toujours qu'une répartition de la puissance ait été faite. Il faut, en particulier, que deux conditions se trouvent réunies : premièrement, que le dépositaire de l'autorité (chef politique ou chef de famille) ait abandonné une partie de ses prérogatives ; en second lieu, qu'il n'y ait plus confusion entre magie et religion, entre numineux de transgression et numineux de respect, ce dernier méritant seul d'être considéré comme sacré. C'est pourquoi on déclare communément que la fonction du prêtre hérite, pour une part, de la fonction royale et se distingue de la fonction du sorcier.

L'histoire des religions montre également que cette distribution des tâches crée quelques problèmes : collusions ou conflits, tensions diverses entre royauté et clergé, ligne de partage fluctuante entre procédés magiques et procédés religieux, divergences sur le statut et le rôle du prêtre qui peut revêtir l'un des attributs suivants ou les rassembler tous en sa personne : fonctionnaire cultuel, technicien du rite (spécialement du rite sacrificiel), président ou délégué de la communauté, serviteur et témoin des forces transcendantes, médiateur de grâces, inspiré, thaumaturge, prophète, docteur.

Mais il est donné à notre époque, au moins dans notre portion d'Occident, en raison d'une crise religieuse qui secoue le christianisme lui-même, de modifier en profondeur l'image et la condition du prêtre. Dans certaines régions de pratique traditionnelle, le prêtre catholique avait encore le visage du curé de Bernanos. À présent, le sacerdoce d'obédience romaine est en pleine mutation. Socialement, il n'a plus la même marque ; idéologiquement, voire théologiquement, il ne répond plus au même modèle. La Réforme, au xvie siècle, avait souhaité le « dédramatiser », le « déhiérarchiser ». L'évolution actuelle des mœurs permet d'autres audaces. Les partisans d'un sacerdoce sans cléricature suppriment le prêtre de caste, récusent le prêtre porteur de puissance, minimisent le prêtre administrateur de sacrements ; ils rêvent d'un prêtre qui aurait le style de vie et le genre d'occupation de son entourage, la même liberté et les mêmes charges que ses fidèles, qui n'aurait en propre qu'une volonté d'engagement plus poussée. Ce projet est en gestation. Mais s'il est encore vague, la sociologie des religions aurait tort de le croire sans portée.

Quand des institutions séculaires sont ébranlées, c'est un signe que la société tout entière repense son organisation, ses principes et ses fins.

Les spécialistes du sacré

Parmi les représentants ou spécialistes du sacré que l'on rencontre en histoire des religions, on peut distinguer les personnages suivants : le fondateur, le prophète, le mystique, le réformateur, le prêtre et le chamane. Le spécialiste de la religion est quelqu'un qui, en vertu d'une vocation spéciale ou d'un mérite personnel, est habilité plus qu'aucun membre de sa communauté à remplir certaines tâches religieuses. Le fondateur détermine la nature et la pratique de la religion qu'il instaure et il exerce une influence décisive sur les phases de développement de cette dernière. Le prophète proclame ou interprète un message divin qui lui est livré sous forme de visions ou de « voix » ; il a pour caractéristique d'avoir été mandaté pour transmettre un tel message. En prônant le retour aux origines, le réformateur est un innovateur qui reprend les traditions existantes dans le sens d'une plus grande authenticité de la doctrine et de la pratique. Le mystique[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de phénoménologie de la religion, université grégorienne, Rome
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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