NACHT SACHA (1901-1977)
Émigré d'une Roumanie où s'appliquait le numerus clausus frappant les Juifs, Sacha Nacht fut toujours soucieux de faire reconnaître la psychanalyse par les autorités médicales et les pouvoirs publics. Il se montra attaché aussi à la reconnaissance par l'Association psychanalytique internationale de l'Institut de psychanalyse de Paris, dont il fut le fondateur et le premier directeur.
Aussi l'institution dont il fut longtemps le pilier se trouve-t-elle singulièrement marquée des degrés d'une hiérarchisation interne. À cette structuration reflétant les effets propres au transfert de pouvoir vient correspondre ce qui, dans l'enseignement, se délivre comme transfert de savoir. La Psychanalyse d'aujourd'hui (1957), ouvrage collectif publié sous sa direction, témoigne de cette orientation ouvertement didactique, encore accentuée par le projet idéal d'un Traité de psychanalyse, dont seul un premier tome vit le jour. Pourtant, l'œuvre de Sacha Nacht, par bien des aspects, exprime une tendance opposée à celle d'une compilation du savoir. Elle est régulièrement parcourue par les données les moins conceptualisables. Telle la notion de « communication non verbale », développée à partir de celle de « moi autonome », héritage de Heinz Hartmann, lequel fut indiqué par Freud comme second analyste à Sacha Nacht à l'issue d'un trimestre d'entretiens qu'ils eurent en 1936.
Il peut ainsi paraître que cette figure de la psychanalyse s'est supportée d'un étonnant clivage où la stricte temporalité du pouvoir institutionnel, pris comme fondement de l'exercice de la psychanalyse, sert d'étai à une pratique dont la lettre écrite témoigne de ceci que les effets de symbolisation y sont secondaires par rapport à la promotion de fusions projetées comme restauratrices d'un état de manque originel.
Nous sommes au plus loin, semble-t-il, de ce que Jacques Lacan interrogera dans le texte de Freud notamment sur « la fonction et le champ de la parole et du langage en psychanalyse », sur « l'instance de la lettre dans l'inconscient » et également sur la mise en question du désir du psychanalyste et du sujet de l'inconscient.
Il suffit d'évoquer certains travaux de Sacha Nacht pour souligner combien le désir de guérir, quels qu'en soient les avatars, prit toujours le pas dans sa réflexion : Le Rôle du moi dans la thérapeutique psychanalytique, Observation psychanalytique d'un caractère masochiste, Introduction à la médecine psychosomatique, Remarques sur la guérison par le traitement psychanalytique d'une névrose organique, etc. Cela, dès les années 1950. Cette orientation ne fait que se confirmer dans son livre le plus connu, La Présence du psychanalyste (1963).
Si la pensée de Sacha Nacht au cours des dernières années ne fait qu'accentuer cette distance par rapport à celle de Jacques Lacan, son ex-condisciple et ami, elle se rapproche de celle de leur analyste commun, Lœwenstein, qui, avec Kris et Hartmanm, voulut assigner au moi des zones qui échapperaient aux conflits.
On retrouverait ainsi une fidélité de Sacha Nacht à ses deux analystes, qui n'est pas sans relation avec son insertion dans le courant « officiel » de la psychanalyse – insertion qui le conduisit à occuper le poste de vice-président de l'Association internationale. Mais, en même temps, se trouve posée l'inévitable question de savoir ce qui échappe de l'analyse dans une telle insertion, ce qui s'en voit exclu dans une telle transmission, quelle est la part du transfert dans l'élaboration de la théorie et de ses incidences techniques.
Que peut-il se dire et s'entendre dans ce désir militant de Guérir avec Freud (1967), où, posant la frustration et l'agressivité au premier plan des éléments pathogènes, le silence en fin de cure[...]
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Écrit par
- René MAJOR : médecin, psychiatre, psychanalyste, directeur de programme au Collège international de philosophie, directeur des Cahiers Confrontation
- Marc NACHT : psychanalyste
Classification
Autres références
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- Écrit par Anny COMBRICHON
- 909 mots
Serge Lebovici, professeur de psychiatrie et psychanalyste, est né le 15 juin 1915 à Paris et mort le 11 août 2000 à Marvejols (Lozère). Les événements du xxe siècle ont imprimé à ses engagements institutionnels un sceau conservateur qui lui valut autant de fidèles que d'adversaires....