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SADDUCÉENS

Parti opposé aux pharisiens qui, dans l'histoire du judaïsme, n'apparaît pour la première fois comme tel que sous Jean Hyrcan (~ 134-~ 104). Composé d'aristocrates, durant tout le ~ ier siècle et une bonne partie du ier siècle chrétien, il se recruta surtout dans la caste sacerdotale. Au temps de Jésus, il contrôlait l'administration et le culte du Temple. Malgré ses complicités avec l'occupant romain, qui l'avantageait en maintenant le statu quo, la ruine du Temple (70) lui fut fatale. Politique, sa force ne pouvait survivre à l'écrasement de l'État juif. Après ces événements, le judaïsme s'étant réorganisé exclusivement comme pharisien, on ne retrouve des sadducéens que des traces fictives ; dans la littérature talmudique, « sadducéen » est alors simplement synonyme d'« hérétique » (la censure catholique des xiie, xiiie et xvie siècles a souvent remplacé par « sadducéens » le terme mînîm — « hérétiques » —, dans lequel elle voyait la désignation des judéo-chrétiens).

L'origine et la signification du mot « sadducéen » sont énigmatiques. Couramment, on les explique en rattachant le terme aux descendants ou partisans de Sadoc, prêtre de David (II Sam., viii, 17) et de Salomon (I Rois, ii, 35). Cela est loin d'être acquis. Le pluriel néo-testamentaire saddoukaioi permet de supposer la vocalisation saddûqî (on ne connaît avec certitude que les consonnes hébraïques, sdwqî au singulier, sdwqym au pluriel), malaisément dérivable de Sadoc.

Les sadducéens sont connus par Flavius Josèphe (bien que pharisien, il ne les accuse jamais d'être de mauvais Juifs) et par le Nouveau Testament (Évangiles synoptiques et Actes des Apôtres). Dans la littérature rabbinique, la notice des Abbot de Rabbi Natan, dans un récit qui semble remonter au ier siècle, signale que la séparation entre pharisiens et sadducéens eut lieu vers la fin du ~ iie siècle ; cette information semble sûre.

Les sadducéens étaient partisans de la seule autorité de l'Écriture (ce qui ne veut pas dire qu'ils aient eu des connivences avec Qumrān). C'est en vertu de ce principe qu'ils refusaient les dogmes ou croyances tardifs des pharisiens : la résurrection des corps, l'immortalité personnelle, l'existence des anges et des démons. Cette attitude, conservatrice à quelques égards, ne les empêcha pas de faire face aux changements sociaux et de créer leur propre halaka, dont nous connaissons quelques exemples.

Aujourd'hui, on enseigne volontiers, en des lieux confessionnellement divers, que ce sont les prêtres en chef et le grand prêtre, sadducéens, qui ont mené le procès de Jésus à Jérusalem.

— André PAUL

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