SAHEL
Espace de transition entre le désert saharien, au nord, et la zone soudanienne, au sud, le Sahel (Es-Sahel en arabe, littéralement « rivage » ou « bordure ») se présente sous la forme d'une bande d'environ 5 500 kilomètres de longueur sur 400 à 500 kilomètres de largeur. Il est présent dans une dizaine de pays africains, depuis l'embouchure du fleuve Sénégal jusqu'à la Djézireh soudanaise (Haut Nil), soit sur environ 3 millions de kilomètres carrés. Très marqué par la longueur de sa saison sèche (de huit à neuf mois), le Sahel n'en est pas pour autant un désert physique et humain. Végétation, hommes, animaux et activités se sont en effet adaptés à ce milieu difficile, aux forts aléas climatiques, ainsi qu'aux disponibilités fluctuantes en eau. Mais cet espace reste très vulnérable, notamment aux épisodes de sécheresse qui se sont multipliés à la fin du xxe siècle et dont les conséquences sont souvent catastrophiques pour les troupeaux et les populations.
Classé aujourd'hui parmi les régions les plus pauvres et les plus fragiles au monde, le Sahel n'en a pas moins connu, dès les xie et xiie siècles, une intense vie fondée sur des échanges, en faisant le lien entre l'Afrique du Nord et le littoral ouest-africain. Des empires et des royaumes puissants (Songhaï, Kanem-Bornou, Mossi, Bambara...) s'y sont développés. Mais le Sahel du début du xxie siècle voit sa situation encore aggravée par l'accroissement important de sa population, posant ainsi de redoutables défis, notamment en matière d'autosuffisance alimentaire. Dans cet espace en crise, l'avenir est très incertain et fortement sous-tendu par l'évolution climatique. Bien que les projets de développement s'y soient multipliés (actions des O.N.G., grands travaux d'irrigation, etc.) pour fixer les populations, la région n'évitera pas d'importants mouvements migratoires.
Le milieu sahélien
Les paysages physiques
Composé essentiellement de reliefs granitiques peu accidentés, de bas plateaux et d'immenses cuvettes (Niger moyen et oriental, Tchad) d'âges primaire et secondaire, le milieu physique sahélien présente une topographie assez plane et monotone, comprise essentiellement entre 100 et 400 mètres d'altitude. La diversité est plus forte au sud, là où les terrains primaires, souvent recouverts en discordance par des épanchements volcaniques de dolérite, sont entaillés par l'érosion pour former un paysage de buttes relictuelles, de plateaux et de cuestas (monts Mandingues et falaises de Bandiagara au Mali et falaises de Banfora au Burkina Faso) très prisés par les circuits touristiques. À une échelle plus fine, le Sahel présente certaines formes de modelés très caractéristiques : inselbergs à l'allure pyramidale et résultant du dégagement par l'érosion (pays Reguibat en Mauritanie, région de Zinder au Niger) ; reliefs ruiniformes (monts Hombori au Mali) ; cuirasses et sols ferrugineux témoins d'héritages paléoclimatiques ; etc. Les immenses épandages sableux de la partie septentrionale, sous la forme de dunes orientées est-nord-est - ouest-sud-ouest selon la direction des vents dominants, sont quant à eux des héritages du quaternaire aride. Souvent non fixés par la végétation, ces sables sont remaniés sous l'action des vents et emportés plus au sud.
Le climat
Le climat est de type tropical, aride au nord, semi-aride au sud. Il est marqué par des températures élevées (entre 28 et 30 0C de moyenne annuelle), voire caniculaires d'avril à mai, surtout durant la saison sèche. Les nuits sont cependant fraîches, si bien que les amplitudes thermiques sont relativement marquées. La sensation générale de chaleur est encore accentuée par l'alizé extrêmement sec et chargé de poussières d'origine saharienne (l'harmattan) qui souffle selon une[...]
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Écrit par
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
Classification
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