SAHEL
Les activités humaines
Population et peuplement
D'ouest en est, la population sahélienne présente une grande diversité. Le désert mauritanien est traditionnellement le domaine des nomades Maures, de plus en plus sédentarisés. Le long de la vallée du fleuve Sénégal cohabitent les peuples afro-mauritaniens noirs : Ouolof, Sarakolé, Peul et Toucouleur. Au Mali se succèdent du nord au sud les nomades touareg, puis les pasteurs peul, enfin les paysans bambara, manding, sarakolé, aux côtés des commerçants dioula, tandis que le delta intérieur du fleuve Niger accueille les pêcheurs bozo et les Songhaï. Au nord du Burkina Faso (Yatenga), les populations de paysans mossi dominent à 90 p. 100. Au Niger, jusqu'aux confins de l'Aïr, on retrouve les pasteurs touareg, auxquels se mêlent, venant du sud, les Peuls Wodaabe. Côté tchadien, les nomades toubou et téda du nord cèdent la place plus au centre aux tribus arabisées originaires du Soudan, alors que le sud est le domaine du groupe composite des Sara, riverains du fleuve Chari.
Le Sahel est fondamentalement marqué par la faiblesse et la discontinuité de son peuplement. Cependant, les cartes de densité présentent trois principaux foyers de population (densités moyennes supérieures à 40 hab./km2). À l'ouest, le bloc sénégalais coïncide avec la presqu'île du cap Vert et le bassin arachidier, et se poursuit en auréole de densité décroissante le long du fleuve Sénégal, en Casamance et dans le Ferlo. Au centre, le second foyer est encadré à l'ouest par un axe reliant les villes de Bamako, Ségou et Mopti (Mali) et, à l'est, celles de Ouahigouya et Kaya (Burkina Faso). Le troisième foyer s'étend au Niger selon un axe ouest-est le long des villes de Birni-Kkoni, Maradi et Zinder. Entre ces foyers s'intercalent des zones de très faible peuplement, ainsi que deux grands vides démographiques (Sénégal oriental-delta intérieur du Niger ; est du Niger-lac Tchad).
L'espace sahélien connaît, depuis les années 1930, un accroissement démographique sans précédent (entre 2,5 p. 100 par an au Burkina et 3,9 p. 100 par an au Niger, en 2009), lié à l'effondrement de la mortalité. Celui-ci ne s'est pas encore accompagné de la baisse de la natalité. L'indice de fécondité demeure partout très élevé, supérieur à 5 enfants par femme (de 5 au Sénégal à 7,4 au Niger, record mondial). La population sahélienne est, de ce fait, l'une des plus jeunes au monde (45 p. 100 de moins de 15 ans au Niger et au Mali). Cette situation s'explique par le maintien des déterminants traditionnels de la fécondité : précocité du mariage, faible recours aux méthodes de contraception, besoin de main-d'œuvre dans les campagnes, absence d'assurance-vieillesse, faible niveau d'instruction (en moyenne 30 p. 100 d'alphabétisés), notamment chez les femmes, polygamie, etc. Si les taux d'urbanisation restent faibles (de 20 p. 100 au Burkina Faso à 50 p. 100 en Mauritanie), ils progressent néanmoins, d'abord sous l'effet de la croissance naturelle, mais aussi du fait de l'exode rural. Nombre de jeunes sans emploi continuent cependant de migrer vers les pays du littoral, pour travailler dans les plantations de cacao et de café du Ghana, les régions arachidières du Sénégal ou les industries forestières de Côte d'Ivoire.
L'élevage
Territoire de bergers par excellence, le Sahel est une des principales régions d'élevage en Afrique, essentiellement pour le lait, la viande et, dans une moindre mesure, la traction. Mené essentiellement dans un cadre extensif (sauf autour de certaines grandes villes où des formes plus intensives existent déjà), l'élevage transhumant est une remarquable forme d'adaptation des populations face à l'insuffisance et à la variabilité pluviométriques. Aussi l'élevage dépend-il très étroitement[...]
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Écrit par
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
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