AOUITA SAÏD (1959- )
Athlète marocain spécialiste du demi-fond, Saïd Aouita marqua l'histoire du sport en 1987, en « cassant » la barrière des 13 minutes sur 5 000 mètres. Il demeure considéré comme la première vedette de l'athlétisme marocain ; Hicham El Guerrouj le prit pour modèle.
Saïd Aouita est né le 2 novembre 1959 à Kenitra. L'enfant rêve de devenir footballeur, mais, remarqué par un professeur d'éducation physique, il s'oriente vers l'athlétisme, plus particulièrement vers les courses de demi-fond. Le jeune homme participe à des épreuves internationales dès l'âge de dix-huit ans, part pour la France à vingt ans, une bourse de l'Institut national des sports de Paris lui permettant de suivre un entraînement rigoureux axé sur un travail tout en souplesse, lequel convient à son gabarit (1,75 m, 64 kg). Durant l'hiver, il forge sa résistance en disputant des compétitions de cross-country, et ses efforts portent rapidement leurs fruits : en 1983, il se classe troisième du 1 500 mètres des Championnats du monde d'Helsinki remporté par le Britannique Steve Cram. Pour les jeux Olympiques de Los Angeles, en 1984, il fait un choix étonnant : délaissant sa meilleure distance, le 1 500 mètres, il décide de s'aligner dans le 5 000 mètres, estimant que la résistance qu'il a acquise durant de longues heures d'entraînement lui permet d'aborder sereinement cette épreuve et que sa vitesse terminale constitue un atout. Cette option osée se voit couronnée de succès : le 11 août, jour de la finale, les Portugais António Leitão et Ezequiel Canario impriment un train soutenu qu'Aouita n'a aucun mal à suivre ; dans le dernier tour, le Marocain place une formidable accélération et s'impose (13 min 5,59 s), devant l'inattendu Suisse Markus Ryffel (13 min 7,54 s), qui seul a pu lui tenir la dragée haute. Pour le Maroc, qui jusque-là n'avait jamais obtenu une médaille d'or aux Jeux, la fête est complète car, deux jours plus tôt, Nawal El Moutawakel avait remporté le 400 mètres haies ; la championne et le champion sont fêtés comme des héros dans leur pays.
Saïd Aouita se lance alors dans une course aux records. Le 2 juillet 1985, à Oslo, il bat le record du monde du 5 000 mètres, mais, pour quelques centièmes de seconde, il ne brise pas le mur des 13 minutes (13 min 0,40 s). Il casse certes la barrière des 3 min 30 s sur 1 500 mètres... mais il n'est pas le premier à le faire : le 16 juillet 1985, à Nice, il couvre la distance en 3 min 29,71 s, mais il n'est que deuxième de cette course fameuse, derrière Steve Cram (3 min 29,67 s), qui entre ce jour-là dans l'histoire de l'athlétisme. Puis Aouita s'approprie le record du 1 500 mètres le 23 août 1985 à Berlin (3 min 29,46 s). Le 22 juillet 1987, à Rome, le Marocain entre à son tour dans l'histoire du sport en brisant le mur des 13 minutes sur 5 000 mètres (12 min 58,39 s). Quelques semaines plus tard, il remporte le 5 000 mètres aux Championnats du monde de Rome, à l'issue d'une course tactique bien maîtrisée.
Une seconde médaille d'or olympique dans le 5 000 mètres lui semble promise à Séoul en 1988, mais Aouita surprend de nouveau les observateurs : orgueilleux, il désire prouver qu'il peut aussi se montrer le plus fort sur une distance plus courte, en l'occurrence le 800 mètres. Mais, cette fois, le pari n'est pas tenu : il est devancé par le Kenyan Paul Ereng et le Brésilien Joaquim Cruz et doit se contenter de la médaille de bronze. Cet échec constitue pour l'athlète le début du déclin, même s'il réalise encore quelques belles performances : le 20 août 1989, à Cologne, il bat le record du monde du 3 000 mètres (7 min 29,45 s) ; la même année, il remporte le Grand Prix de la Fédération internationale d'athlétisme (I.A.A.F.) pour la troisième[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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