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SAIKAKU IHARA (1642 env.-1693)

Poète, conteur et romancier, Ihara Saikaku renouvela, vers la fin du xviie siècle, la prose japonaise en s'inspirant des techniques du haikai, qu'il avait pratiqué assidûment dans sa jeunesse. L'ensemble de son œuvre forme une sorte de Comédie humaine de son temps et de son milieu, la bourgeoisie marchande d'Ōsaka. Il est considéré, avec le dramaturge Chikamatsu et le poète Bashō, comme l'un des « trois grands » écrivains de son siècle.

Le poète

Hirayama Tōgo, riche marchand d'Ōsaka, s'était distingué dès son plus jeune âge dans les compétitions qui opposaient alors les amateurs de haikai (cf. japon - La littérature) ; vers la trentaine, il avait pris le pseudonyme de Saikaku (Ihara, qu'il utilisa en guise de patronyme, serait le nom de famille de sa mère). Comme pour son contemporain et rival occasionnel Chikamatsu, sa biographie se réduit à peu près à l'histoire de ses œuvres.

À l'âge de quinze ans, il suivait les enseignements de l'école de hakai dite Teimon, qui se réclame de Matsunaga Teitoku (1571-1653). Son talent est tel que, dès sa vingt et unième année, il est choisi pour arbitrer un concours. Vers la même époque, il rejoint le groupe de Nishiyama Sōin (1605-1682), celui que Bashō tiendra lui aussi pour son maître ; à la suite de ce dernier, il prône une remise du haiku au goût du jour ; le Teimon le surnommera Oranda-Saikaku, « Saikaku le Hollandais », c'est-à-dire « l'excentrique ».

En 1673, il publie son premier recueil, Ikutama manku (les Dix Mille [Hai]ku d'Ikutama). Dans la préface, il s'en prend à la poésie contemporaine, « qui sent le moisi et ne fait que ressasser des vieilleries » ; en 1675, ce seront mille haiku composés en un jour à la mémoire de sa femme, morte à vingt-cinq ans. Il pratique désormais l'improvisation rapide (yakazu haikai) et les performances se suivent : 1 600 haiku en vingt-quatre heures (1677), 4 000, puis 23 500 dans le même temps (1680) ! L'on rapporte que le scribe chargé de les noter, incapable de suivre le mouvement, se contenta de tracer des bâtons pour les compter. Le procédé de Saikaku, vivement critiqué par les traditionalistes du Teimon, n'est autre chose qu'un exercice de style, sans profondeur aucune ; les versets composés de la sorte sont nécessairement liés entre eux au point de former des suites narratives qui, à la limite, aboutissent à une sorte de prose rythmée.

Saikaku, fort de cette expérience et de sa prodigieuse virtuosité, y découvrira un mode d'expression original, de forme poétique, que l'on retrouvera bientôt dans ses contes et romans.

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - La littérature

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