SAINT-CYRAN JEAN DUVERGIER DE HAURANNE abbé de (1581-1643)
Prêtre et spirituel français, né à Bayonne d'une famille de gros négociants gascons et basques, Jean Duvergier de Hauranne fit ses études chez les jésuites d'Agen, puis dans les Universités de Paris et de Louvain. De brillantes études en théologie révèlent son intérêt pour les Pères de l'Église ; ayant lié connaissance avec Jansénius, étudiant à Louvain, il l'invite à venir travailler avec lui l'Écriture et les Pères, à Paris et dans sa maison de Camp-de-Prats (près de Bayonne), entre 1609 et 1616. Pourvu de plusieurs bénéfices, Saint-Cyran — du nom de l'abbaye que l'évêque de Poitiers, La Rocheposay, lui donne en 1620 — est ordonné prêtre en 1618. La connaissance de Bérulle (dont il devient le très actif secrétaire à partir de 1620, jusqu'à la mort du cardinal en 1629) le lance dans le « parti dévot », contre Richelieu, mais lui fait connaître aussi les grandes lignes religieuses et augustiniennes de la spiritualité bérullienne. Il reste, à la mort de Bérulle, le champion du bérullisme mystique : sous le pseudonyme de Petrus Aurelius, en 1632, il défend contre les religieux la dignité de l'état séculier. Oracle des cercles dévots parisiens, il est appelé, en 1634, à prêcher aux religieuses de Port-Royal. Il va vite exercer une profonde influence sur le couvent, surtout par l'intermédiaire de sa dirigée, la grande réformatrice de Port-Royal, mère Geneviève Le Tardif. En 1638, Richelieu, tout-puissant, réussit à le faire emprisonner à Vincennes, lors d'une grande opération qu'il mena contre les dévots hostiles à sa politique européenne (les religieuses de Port-Royal, les « Messieurs », l'Oratoire, leurs amis à la Cour). Saint-Cyran fut maintenu à Vincennes, sans procès ni condamnation, pendant cinq ans : la mort de Richelieu lui redonna la liberté (1643), mais il mourut quelques mois après.
Il n'est pas exact de voir dans Saint-Cyran le « père du jansénisme français » : les éléments de doctrine spirituelle qui le caractérisent doivent peu de chose à l'Augustinus de Jansénius. Saint-Cyran n'est pas un théologien : il est avant tout un spirituel, préoccupé de la perfection du chrétien. Nourri par la pensée des Pères et la grande synthèse de Bérulle, il a appliqué leurs principes à la direction spirituelle : il est avant tout un directeur (son rayonnement depuis sa prison le montre bien). Il guide les âmes vers une vie de continuelle oraison (thème salésien), où nul ne sait s'il est prédestiné au salut. La nécessité du « renouvellement » avant l'absolution et la communion eucharistique a entraîné les excès dits jansénistes des absolutions retardées et des rares communions. Mais ces excès n'apparaissent pas à Port-Royal sous sa direction. Creuset admirablement adapté des grands thèmes spirituels du xviie siècle, la spiritualité de Saint-Cyran apparaît à l'historien comme vivante et psychologiquement très fine.
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Écrit par
- Jean-Robert ARMOGATHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses
Classification
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