SAINT-DENIS, La Réunion

Saint-Denis, la plus grande ville de l'outre-mer français, avec 146 489 habitants (2013) sur 3 500 hectares, est aussi la capitale de l'île de La Réunion (chef-lieu du département) et une « capitale régionale » du fait de son fort pouvoir de commandement sur l'ensemble des agglomérations. Située au nord de l'île, sur un cône de déjection inondable entre deux rivières au débit capricieux, entourée d'un amphithéâtre de massifs montagneux, Saint-Denis est une création géopolitique. Le transfert, en 1738, par le gouverneur Bertrand François Mahé de La Bourdonnais des instances de direction de la colonie de Saint-Paul à Saint-Denis répondait à un souci de reconquête des Indes. La ville devint alors un centre pourvu en magasins et en entrepôts, développant divers métiers de la navigation, et puisant dans sa relation privilégiée avec le « beau pays » de l'est, aux sols riches et humides (légumes, fruits, blé, « fangourin » ou vin de canne à sucre), les moyens de nourrir ses ambitions. Le centre, ou la ville haute, s'inscrit dans un plan en damier hérité de l'époque coloniale, alors que la ville basse, où se construisirent les premières habitations au xvii^e siècle et où les esclaves trouvèrent refuge après l'abolition de la traite, s'est transformée en quartiers fortement densifiés, et que le sud et les hauts de la planèze – pentes douces formées par les coulées volcaniques − sont occupés par de riches résidences. Son influence politique, économique, sociale, administrative et culturelle fait que Saint-Denis concentre à la fois la population urbaine, les emplois et les cadres supérieurs de l'île. Pour relever ces défis, la ville s'étend vers l'est, et tente le pari d'être une ville créole au passé de ville coloniale, entre tradition et modernité. Mais elle est aussi consciente que son avenir est fortement lié à la maîtrise des eaux des rivières et de la mer.

— Guy FONTAINE