SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE
L'Empire purement allemand
Le repli de l'Allemagne
Pendant le Grand Interrègne (1250-1273), la papauté s'obstina à empêcher l'accès au pouvoir des descendants des Staufen. Après cette période de vingt-trois années, les princes promus à la dignité impériale prirent conscience, malgré les ambitions irréalistes de certains d'entre eux, notamment Henri VII de Luxembourg (1308-1313), de l'impossibilité de maintenir leur autorité dans la Péninsule, d'autant que les électeurs, comme la papauté, eurent soin de ne pas donner la couronne à des personnages trop puissants.
L'entreprise du Saint-Siège, toutefois, indisposa les grands de Germanie qui ne souhaitaient pas voir les pontifes se mêler de leurs affaires. Cela permit à l'empereur Charles IV de Luxembourg de laïciser l'Empire par la Bulle d'or de 1356, qui donna en fait à l'Allemagne sa première constitution. En vertu de cet édit, le nombre des princes électeurs (qui, depuis Frédéric Barberousse et Frédéric II, n'avait cessé de diminuer, ces monarques tenant à favoriser seulement les plus puissants) est fixé à sept : les archevêques de Mayence, de Cologne et de Trèves, le roi de Bohême, le duc de Saxe, le margrave de Brandebourg et le comte palatin du Rhin. Ces sept personnages élisent le roi de Germanie et roi des Romains, mais aucune allusion n'est faite à une quelconque intervention du pape par la suite. Ainsi, par le système de désignation du souverain, l'Empire est devenu purement allemand. Son territoire est celui de l'Allemagne. Cependant, sur le plan politique, dès cette époque, il ne représente rien de plus qu'un titre creux, l'élu ne recevant aucun pouvoir et ne disposant que de ses États propres et de ses qualités personnelles qui peuvent lui permettre parfois d'entreprendre de grandes choses ; ainsi, Sigismond convoqua le concile de Constance en 1414 pour mettre fin au grand schisme d'Occident. La Bulle d'or déclare en outre que les électorats sont indivisibles et pourvus de droits régaliens. Cette disposition, s'ajoutant aux privilèges obtenus par les princes depuis Frédéric II et aux habitudes ensuite contractées, fit de l'Empire un conglomérat de principautés : les Allemagnes.
L'Empire aux mains des Habsbourg
Sous le couvert de cette division et de l'indifférence à l'institution, les princes de la maison d'Autriche, ou Habsbourg, réussirent à accaparer la couronne à partir de 1438 et surent profiter de celle-ci pour poursuivre inlassablement un programme tendant à accroître leurs propres États. Ils menèrent particulièrement à bien une politique matrimoniale systématique en se servant au mieux du prestige que conférait le titre impérial. Ainsi parvinrent-ils à s'imposer définitivement en Autriche et dans les pays voisins (Styrie, Tyrol, Carniole, Carinthie), puis à s'introduire dans le vaste domaine des ducs de Bourgogne, annexant la Franche-Comté et la Flandre. L'Empire fut donc pour eux à la fois une source de gloire et un moyen de servir leurs ambitions. Mais, même reçu et régi par Charles Quint (1519-1556), il ne représentait rien de plus qu'un titre.
De plus en plus, en effet, et davantage encore avec la Réforme et avec les guerres de religion, l'Allemagne se morcelait. Dès la fin du xvie siècle, les principautés s'y faisaient plus nombreuses, maints seigneurs accaparant des droits régaliens exercés jusqu'alors par les puissants. La guerre de Trente Ans et le recul de la maison d'Autriche aggravèrent cette situation, que rendirent officielle les traités de Westphalie (1648). Ceux-ci imposèrent que l'Empire restât électif (le collège électoral étant porté à huit membres avec l'adjonction du duc de Bavière) et réduisirent à néant les pouvoirs auxquels l'empereur aurait encore pu prétendre en théorie. Un seul organisme[...]
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Écrit par
- Marcel PACAUT : professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Lyon-II-Lumière
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Médias
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