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LOUIS IX ou SAINT LOUIS (1214-1270) roi de France (1226-1270)

Consolidation du pouvoir royal

Le prestige que valent à Louis IX ses vertus s'ajoute à celui qu'il tire d'une succession héréditaire jusque-là sans faille, d'un sacre qui fait de la royauté une sorte de sacerdoce, et d'une puissance solidement établie par l'énergique Philippe Auguste, son grand-père. Il en profite pour placer plus catégoriquement la monarchie hors de la pyramide des droits féodaux – et non plus seulement au sommet de celle-ci – et pour assainir la situation politique du royaume.

Les actions les plus spectaculaires sont celles qu'il mena pour mettre un terme aux conflits qui venaient de déchirer la France : conquête du Midi languedocien par les croisés septentrionaux, lutte des Capétiens contre les Plantagenêts. Après une ultime révolte du comte de Toulouse Raymond VII, ce fut, avec le traité de Lorris (1243), la soumission définitive de la France méridionale et la confirmation de l'organisation nouvelle du Languedoc, dont la reine Blanche et le cardinal de Saint-Ange avaient jeté les bases en 1229. La grâce de quelques grands feudataires et l'écrasement des derniers cathares, l'action des sénéchaux royaux et celle des inquisiteurs dominicains assurèrent l'œuvre. Déjà mâtés par la régente, les autres grands barons se le tinrent pour dit. Cependant, une dernière tentative du roi d'Angleterre et de ses fidèles échouait en 1242 à Taillebourg et à Saintes ; bien qu'ayant l'avantage, Louis IX préféra une paix qui satisfaisait son sens de la justice et ménageait le pieux Henri III qu'il estimait. Au traité de Paris (1258-1259), il rendit à ce dernier une partie des terres (du Limousin et du Quercy à la Saintonge) dont il n'était pas assuré que la conquête ait été légitimement fondée. Par de telles concessions, auxquelles les barons de son entourage s'opposèrent en vain, Saint Louis pensait avoir assuré la paix, la fidélité de son royal vassal et l'appartenance définitive à la couronne de France de l'essentiel de l'héritage des Plantagenêts : Normandie, Anjou, Touraine, Maine et Poitou.

Le domaine royal était sensiblement amoindri par les apanages qu'avait prévus Louis VIII en faveur de ses fils. Force était donc de clarifier la gestion et d'exploiter au mieux les revenus seigneuriaux et régaliens : ce fut l'objet d'une rationalisation des structures administratives, de l'établissement des baillis dans des circonscriptions fixes, de la spécialisation des membres de la cour royale (une section judiciaire, le Parlement, et une section financière, les « gens des comptes »). Afin d'assainir les rapports avec les administrés, Saint Louis multiplia les enquêteurs chargés d'entendre sur place les plaintes et de réformer les abus. L'intérêt politique rejoignait là le souci constant du roi de voir les droits de chacun respectés, et en premier lieu par les officiers royaux eux-mêmes.

Une certaine tendance à l'unification manifestait déjà l'emprise du souverain sur tout le royaume. Il faisait reconnaître son droit à légiférer – pourvu que ce fût dans l'intérêt commun – et à faire valoir ses ordonnances dans les grands fiefs, hors de son domaine. Il usait d'ailleurs modérément de cette prérogative, et c'est à tort qu'on lui attribua la paternité des Établissements de Saint Louis, qui sont une compilation privée, et celle d'une ordonnance prohibant le duel judiciaire et la guerre entre nobles, qui n'est que de circonstance et d'intérêt local. Plus efficace dans la pratique fut l'action unificatrice qui résultait de l'application à tout le royaume d'une justice d'appel.

C'est encore pour clarifier, unifier et faire reconnaître partout la prééminence royale que Louis IX décréta (1263-1266) que sa monnaie, au contraire de[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

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Saint Louis, roi de France, Greco - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Saint Louis, roi de France, Greco

Saint Louis - crédits : AKG-images

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