SAINT-MARTIN, île

Saint-Martin est une île localisée dans la partie nord des Petites Antilles. Occupée pendant quelques milliers d’années par les populations arawak, découverte par Christophe Colomb en 1493 lors de son deuxième voyage, l’île est partagée depuis 1648 entre la partie française au nord et la partie rattachée au royaume des Pays-Bas au sud (traité de Concordia, dont les termes ont été précisés par une convention en 1839). La délimitation de la frontière est plus symbolique que formelle puisque son passage n’est pas soumis à des contrôles.

La morphologie de l’île est faite de collines pentues (mornes en créole) culminant au pic Paradis (424 m) et de cordons littoraux enserrant plusieurs étangs saumâtres, qui ont permis l’exploitation du sel, la principale ressource de l’île à l’époque coloniale. Le climat est sec et il y a très peu de points d’eau, ce qui contraint les résidents à installer des usines de dessalement de l’eau de mer. L’existence d’une réserve naturelle de 30 kilomètres carrés, principalement située en zone maritime, vise à protéger les mangroves restantes et les peuplements d’oiseaux et de tortues des îles et îlets voisins.

La partie française occupe une superficie de 53 kilomètres carrés, avec une population estimée à 35 000 habitants en 2017 et son chef-lieu est Marigot. Jusqu’en 2007, c’était une commune rattachée au département de la Guadeloupe, distant de 250 kilomètres au sud-est. Elle a depuis lors le statut de collectivité française d’outre-mer (COM). La partie néerlandaise (Sint Maarten), qui occupe une superficie de 34 kilomètres carrés seulement, a pour capitale Philipsburg. Elle était membre de la fédération des Antilles néerlandaises jusqu’à la dissolution de celle-ci en 2010. Elle constitue désormais un État autonome du royaume des Pays-Bas. La population était estimée à 41 000 habitants en 2018. Aux yeux de l’Union européenne, la partie française est intégrée en tant que région ultrapériphérique (RUP) alors que la partie néerlandaise est associée avec le statut de pays et territoire d’outre-mer (PTOM).

L’économie de l’île a été bouleversée à partir des années 1970 par son désenclavement, avec la création de deux aéroports, et par une urbanisation accélérée liée au tourisme balnéaire et aux activités sportives et de loisirs (nombreux hôtels, nautisme, gastronomie, casinos dans la partie néerlandaise…). L’aéroport international Princesse-Juliana, proche de Philipsburg et construit en partie sur un cordon littoral, peut recevoir les avions gros porteurs et accueille près de 2 millions de passagers par an) L’immigration de populations venues des pays voisins (Haïti et république Dominicaine) pour occuper les emplois des secteurs du bâtiment et des services a renforcé la composition multiethnique de cette population jeune. Par ailleurs, le statut de « port franc » des deux parties de l’île, avec des régimes fiscaux particuliers, favorise le commerce des biens de luxe ainsi que la contrebande.

L’île a été frappée de plein fouet en septembre 2017 par l’ouragan Irma qui a causé la perte d’une dizaine de vies humaines. La houle et les vents violents ont entraîné la submersion de plusieurs secteurs du rivage et la destruction d’établissements hôteliers ainsi que d’habitats précaires qui ne respectaient pas les règles d’urbanisme en milieu littoral. La crise économique et sociale qui a suivi la catastrophe a révélé la fragilité de ce modèle de développement insulaire.

— Christian GIRAULT