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SAKAI TOSHIHIKO (1870-1933)

Dirigeant du mouvement socialiste du Japon. Sakai Toshihiko, moraliste impénitent marqué par le confucianisme, fort doué pour les contacts humains, est le meilleur représentant de la vieille garde socialiste de ce pays, théorisante et peu portée vers l'action. Sa particularité fut l'absence d'esprit de faction et une influence assez diffuse. Insatisfait de sa position de professeur d'anglais, Sakai se tourne vers le journalisme dès 1893 et lance en 1903 le Journal de l'homme du peuple, organe de la société du même nom qui regroupe des anarchistes comme Kōtoku Shūsui et des chrétiens comme Uchimura Kanzō. Il participe activement à l'organisation du petit Parti socialiste japonais de 1907 et doit à son arrestation, lors de l'affaire des Drapeaux rouges en 1908, d'être épargné par les exécutions sommaires qui suivirent le « complot de haute trahison » de 1910. Après sa libération, sous le couvert de recherches sur le socialisme, seul moyen d'échapper à la répression, il poursuit ses activités socialistes, entreprend la première traduction en japonais du Manifeste communiste et la publication de la Nouvelle Société, revue qui contribua de manière déterminante à l'introduction du socialisme au Japon. Quand la Nouvelle Société devient Socialisme, elle sert d'organe à la Fédération socialiste, fondée en 1920 dans la perspective du regroupement des socialistes chrétiens, des anarchistes, des anarcho-syndicalistes et des bolcheviks.

Lorsque, sous la pression du Komintern, les dirigeants socialistes acceptent de former un groupe communiste qui doit préparer l'organisation d'un parti communiste, Sakai en fera partie et deviendra en 1923 le premier président du Parti communiste japonais fondé l'année précédente. Cependant, il ne rejoignit pas les rangs du parti, réorganisé en 1926 après la période de dissolution qu'il avait proclamée lui-même avec les vétérans socialistes, comme mesure de protection contre la répression implacable de cette époque.

Entre-temps, en effet, Sakai s'est tourné vers une social-démocratie de gauche et milite dès lors dans le cadre du mouvement pour la formation d'un parti prolétarien légal, dont il sera non seulement un théoricien mais également un dirigeant actif. Parallèlement à son action politique, il se consacre à la rédaction de nombreux articles, pamphlets et essais dans un style teinté d'humour ; ses traductions sont également fort nombreuses.

— Catherine CADOU

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