RUYSDAEL SALOMON VAN (1600 env.-1670)
Oncle de Jacob van Ruisdael et père de Jacob Salomonsz van Ruisdael, né à Naarden, membre de la gilde de Haarlem en 1626, mort dans la même ville en 1670, Salomon van Ruysdael est, avec son contemporain le Leydois Jan van Goyen dont l'œuvre présente un développement parallèle, un des premiers grands peintres de paysages et de marines hollandais. Comme Van Goyen lors de son passage à Haarlem, Ruysdael fut très probablement l'élève d'Esaias van de Velde, dont il va amplifier et porter à une plus grande maîtrise les trouvailles. Celles-ci élèvent le paysage au niveau d'un genre — et d'un genre spécifiquement hollandais — en le débarrassant de son contenu historique et symbolique, en s'éloignant de la tradition maniériste flamande du paysage construit, ou même de celle, pourtant naturaliste, pratiquée à la fin du siècle précédent par les Carrache, en recherchant la simplicité du motif (paysages rustiques et grands espaces qui sont ceux de la Hollande) et l'unité de la vision, réalisée par la lumière. Ruysdael a laissé une production abondante de tableaux presque toujours signés et souvent datés, et quelques dessins. Parmi ses premières œuvres datées (1627), des paysages d'hiver rappellent, avec plus de liberté, ceux d'Esaias van de Velde : déjà les éléments anecdotiques — joueurs de hockey, personnages en traîneau, etc. —, hérités de Bruegel à travers l'œuvre d'Avercamp, y sont soumis à l'expression du paysage et au rendu de l'atmosphère. Un peu plus tard, en 1629, avec notamment La Ferme et les pourceaux (autrefois coll. Jansson à Bruxelles), Ruysdael se rapproche des paysages de dunes de Pieter Molyn et de Pieter van Santvoort, un des thèmes de prédilection de cette première époque du paysage hollandais avec les panoramas et les vues de cours d'eau. Dès 1631 il affirme la maîtrise de son style ; ses paysages présentent alors toutes les caractéristiques que l'on retrouve à la même époque chez les peintres de natures mortes et de scènes de genre de l'école de Haarlem : goût pour le format allongé, sobriété de la composition simplement formée de deux horizontales, celles de l'eau et du ciel, qui occupe désormais les trois quarts du tableau (Ruysdael aimera aussi donner à ses tableaux une orientation latérale, schéma emprunté aux paysages dessinés de Cornelis Vroom dont la Vue d'Amersfoort, 1634, offre un premier exemple), et enfin souci d'expression des valeurs plutôt que de la couleur, dissoute littéralement dans la lumière, ce qui donne une monochromie d'ensemble gris-vert. Après 1640, sa peinture, à la différence de celle de Van Goyen manifeste un goût pour les tons plus vifs, sans perdre pour autant l'aspect nuancé et la légèreté de la technique de la période de « tonalité » : roses et bleus délicats des ciels, taches rouges et brunes des personnages qui deviennent plus nombreux, tout en restant parfaitement intégrés au paysage. Ruysdael est, comme son neveu Jacob van Ruisdael, un peintre de ciels de premier ordre, mais dans un esprit tout à fait différent, dénué de romantisme, bien qu'empreint d'une tranquille et subtile poésie. Ce tempérament paisible s'exprime aussi à merveille dans les marines et les vues de cours d'eau où aucun souffle ne vient troubler l'élément liquide. L'architecture joue un rôle plus important dans ses paysages des années soixante, comme chez Van Goyen : il s'agit moins d'un intérêt topographique que d'un désir de conférer au tableau, en créant un rythme vertical, une certaine monumentalité. À la même époque, Salomon s'est essayé à un genre nouveau : la nature morte. On connaît de lui quelques tableaux représentant des oiseaux morts qui font le lien entre la peinture monochrome et réaliste de l'école de Haarlem et[...]
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Écrit par
- Françoise HEILBRUN : historienne de l'art
Classification
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