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SALONS, Denis Diderot Fiche de lecture

C'est en 1759, à la demande de son ami Friedrich Melchior Grimm, que Diderot (1713-1784) se lança dans la critique d'art, un genre dont il est, avec ses Salons, reconnu aujourd'hui comme un des principaux fondateurs. Encore cela ne se fit-il qu'après sa mort : ses textes, de son vivant, ne circulèrent qu'à l'état de copies manuscrites, et ne furent totalement disponibles qu'à partir de la seconde moitié du xixe siècle. L'appréciation portée sur Diderot critique d'art a de surcroît beaucoup évolué. On l'isole moins à l'heure actuelle au sein de ses contemporains (il n'est ni le premier, ni le seul, à avoir donné des comptes rendus des expositions artistiques parisiennes du xviiie siècle), mais il reste néanmoins celui qui su le mieux allier les considérations techniques et les appréciations esthétiques dans une vision qui reste inégalée.

Des écrits de circonstance ?

Les neuf Salons écrits par Diderot (1759, 1761, 1763, 1765, 1767, 1769, 1771, 1775, 1781) couvrent un peu moins d'un quart de siècle ; ils sont inséparables d'un homme, Grimm (1723-1807), et de l'exposition dont ils font à chaque fois le compte rendu, le Salon. Grimm, qui était originaire d'Allemagne, était venu s'établir à Paris en 1748 ; il s'était rapidement intégré au milieu des philosophes, et était entré en relation avec Diderot grâce à Rousseau. Précepteur ou secrétaire de nombreux grands seigneurs ou princes germaniques, il avait pris, en 1754, la succession de l'abbé de Raynal à la tête de la Correspondance littéraire. Celle-ci, diffusée sous forme manuscrite auprès d'un petit nombre d'abonnés dans les cours européennes, renseignait l'étranger sur tous les aspects de la vie parisienne. Le Salon, exposition de peintures, de sculptures et de gravures organisée par l'Académie royale, au Louvre, dans le salon Carré (d'où son nom), était devenu un événement important depuis sa refondation en 1737 (il avait eu lieu très irrégulièrement depuis 1667, date de la première exposition). Tenu tous les deux ans, et sans véritable équivalent en Europe, il s'était imposé rapidement. Diverses publications avaient commencé à accompagner une manifestation attirant de plus en plus de visiteurs, mais Diderot les surpassa toutes par la vivacité de son style, reflet de ses impressions personnelles, et par des considérations plus générales qu'il s'autorisait, allant quelquefois jusqu'à une véritable théorie de l'art. Ses Salons font ainsi la synthèse entre le journalisme de circonstance et la réflexion esthétique.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Autres références

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIIe s.

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    • 7 583 mots
    • 5 médias
    ...ou l’Oberman de Senancour témoignent de la relation nouvelle entre l’homme, la nature et la morale qui s’est formulée dans cette esthétique. Les Salons, composés par Diderot entre 1759 et 1781 à l’intention des lecteurs de la Correspondance littéraire, constituent l’un des premiers chefs-d’œuvre...