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SALONS, histoire de l'art

L'époque contemporaine : liberté ou sélection

La Révolution française consacra le principe des Salons, mais en transforma l'esprit en en faisant une exposition publique et internationale des artistes vivants et non plus des seuls membres d'une corporation. Le 21 août 1791, l'Assemblée nationale, « considérant qu'il n'y avait plus pour aucune partie de la nation ni pour aucun individu aucun privilège, qu'il n'y avait plus ni jurandes ni corporations [...] décrète que tous les artistes français ou étrangers, membres ou non de l'Académie de peinture et sculpture, seraient également admis à exposer leurs ouvrages dans la partie du Louvre destinée à cet effet ». Cette mesure émancipatrice est lourde d'avenir. Désormais la bataille des Salons se pose dans les termes nouveaux de liberté ou de jury. La conséquence en effet fut immédiate : 247 artistes exposent 767 œuvres dont 590 peintures, 121 sculptures, 9 plans, 47 gravures. L'impression de « chaos » est telle qu'en 1798, et malgré les protestations, l'accès est subordonné à l'examen d'un jury de 15 membres nommés par le gouvernement. De 1793 à 1802, on compte neuf expositions annuelles. Sous l'Empire, elles redeviennent bisannuelles avec six Salons de 1804 à 1814. De 1817 à 1831, avec une interruption en 1819, les Salons sont bisannuels, mais à partir de 1833, conséquence directe du nouveau régime, ils furent annuels. L'exposition de 1873 fut ainsi la 100e, celle de 1937 la 150e, la 182e étant celle de 1969, dans cette longue histoire pratiquement continue.

Aussi bien, la succession régulière des numéros ne doit-elle pas cacher les changements essentiels survenus dans un combat mené contre le fait du jury et l'influence de l' Académie des beaux-arts, finalement conclu par l'éclatement du Salon et la perte de son caractère de manifestation principale sinon unique. Sous le premier Empire et la Restauration, le jury est composé du directeur des Musées, d'artistes et d'amateurs, puis, sous la monarchie de Juillet, il est constitué uniquement de membres de l'Académie, soucieux de maintenir la tradition du chef-d'œuvre, assurément opposés aux innovations. Sous la monarchie de Juillet, les victimes sont célèbres : les peintres Théodore Rousseau, Delacroix, le sculpteur Préault, mais ne sauraient faire oublier l'éclectisme raisonnable d'un jury, qui, pour avoir été trop vilipendé, mérite d'être réhabilité. Autant que de refus ou d'acceptation du mouvement des arts, le problème est aussi bien celui du nombre. 563 peintures sont exposées en 1806 ; il y en eut 1761 en 1824, le nombre de 2 000 donnant environ la moyenne générale. En 1848, le jury est supprimé, et l'arrêté du 25 février proclame que « tous les ouvrages envoyés cette année seront reçus sans exception ». Ainsi compte-t-on 5 180 numéros dont 4 598 peintures. L'abondance effraya et rendit insupportable la liberté totale.

Dès 1849, un règlement du 20 avril prévoit « un jury spécial pour statuer sur l'admission des ouvrages présentés [...] nommés à l'élection des artistes exposants ». Le choix des élus est très instructif. Par ordre viennent Léon Cogniet, Paul Delaroche, Decamps, Delacroix, Ingres, Robert-Fleury, Isabey, Meissonier, Corot, Abel de Pujol, Picot : soit des victimes illustres du jury comme Decamps ou Delacroix, mais en fait moins de classiques de stricte obédience comme Abel de Pujol et Picot que de tenants du parti du milieu, tel Delaroche. Sous le second Empire, le jury fut pour moitié nommé par « l'administration », mesure plus progressiste que conservatrice. C'est du reste Napoléon III, « voulant laisser le public juge de la légitimité des réclamations », qui, en 1863, permit le Salon des refusés, expression du mouvement de révolte contre la sévérité du jury. Le[...]

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La Raie, J.-B. S. Chardin - crédits : G. Dagli orti/ De Agostini/ Getty Images

La Raie, J.-B. S. Chardin

<it>Femmes au jardin</it>, C. Monet - crédits : Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

Femmes au jardin, C. Monet

<it>Jeune Femme à la voilette</it>, A. Renoir - crédits :  Bridgeman Images

Jeune Femme à la voilette, A. Renoir

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