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MADARIAGA Y ROJO SALVADOR DE (1886-1978)

C'est dans le Finisterre espagnol, à La Corogne que naquit Salvador de Madariaga. Ce Galicien au patronyme euskarien fait ses premières études à l'Instituto Cisneros de Madrid. Puis sa famille l'envoie à Paris en 1900 pour y préparer l'École polytechnique. Revenu en Espagne où il reste jusqu'en 1916, il collabore assidûment à la presse nationale, en écrivant de nombreux articles sur des sujets concernant la France ou la Grande-Bretagne, tout en participant au mouvement littéraire de son époque. C'est alors que John Walter, un des propriétaires du Times, l'appelle à Londres comme collaborateur. C'est en anglais qu'il va publier, en 1920, son premier livre, un essai, Shelley and Calderon. Mais déjà se profile une carrière internationale qui l'oblige, dès 1921, à transférer sa résidence à Genève où il est président de la Commission du désarmement de la Société des Nations. Sa carrière de diplomate et de fonctionnaire international ne sera interrompue que par la guerre civile espagnole. Pendant la brève période républicaine, il fut ministre de l'Instruction publique, poste dont il démissionna au bout de cinq semaines, pour occuper ensuite les ambassades de Washington et de Paris. Pendant ce temps, il assura la représentation de l'Espagne à la Société des Nations.

Contraint à l'exil après la défaite de la République, Madariaga se consacra intensément à l'enseignement (à Oxford, au Mexique, aux États-Unis), à la recherche historique, au journalisme et à la littérature. Européen convaincu, il est, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, élu président de la section culturelle du Mouvement européen, puis président du Collège de l'Europe de Bruges, jusqu'en 1972. Il s'installe ensuite à Locarno, où il meurt, le 14 décembre 1978.

Le prestige universel de Madariaga a été délibérément ignoré par l'Espagne franquiste. Démocrate convaincu, il lutta constamment contre la dictature de Franco. Le retour en Espagne de Madariaga ne se fit que le 6 avril 1976, un peu plus de quatre mois après la mort de Franco. Il s'y rendit pour occuper son fauteuil à l'Académie espagnole : alors qu'il y avait été élu le 20 mai 1936, il y prononça son discours de réception le 2 mai 1976.

Ingénieur, journaliste, diplomate, professeur, conférencier, il fut également et surtout, pour les amis de la littérature espagnole, un écrivain. Sa vocation littéraire lui permit de s'essayer à tous les genres. Poète à ses heures, il a laissé trois recueils : Romances d'aveugle, La Source paisible et Roses de cendre et de fange, marqués du sceau de l'intellectuel fidèle à la tradition populaire espagnole et au goût pour les classiques.

Son besoin de créer le porta également vers le roman, conçu dans une optique intellectuelle voisine de celle de ses contemporains Ortega y Gasset et Pérez de Ayala. Il a donné, à trois périodes différentes, des œuvres de fiction. En 1925-1926, The Sacred Giraffe (La Girafa sagrada), puis Arceval y los Ingleses ; en 1936, L'Ennemi de Dieu, où don Morabito, un athée au physique disgracieux, est soigné par une sœur de charité qui veut guérir son corps et sauver son âme. L'œuvre vaut surtout par l'originalité du style et par la finesse de l'analyse psychologique. Puis, dans les années cinquante, il publie Gerbe d'erreurs (1952), La Camarade Anne (1954), où apparaissent les problèmes de notre temps, y compris la politique. Ce sont ensuite El Corazón de piedra verde (Le Cœur de jade, 1952), War in the Blood, 1957 (La Guerre dans le sang, 1958), L'Étalon noir, sans oublier de nombreux contes parus dans les journaux.

Parfois attiré par le théâtre (La Mort de Carmen, Mon Cid, Don Carlos, Don Juan et les don Juans), il cultiva surtout deux genres où il excella : essai et biographie historique. Écrivain[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VIII, directeur de l'Institut d'études hispaniques et hispano-américaines

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