SALVIATI FRANCESCO DE' ROSSI dit (1510-1563)
Salviati est le prototype de ce que le maniérisme italien a produit de plus personnel, inventif, raffiné. Son art polyvalent couvre tous les domaines, de la fresque au portrait, des modèles de scénographies princières aux projets pour l'orfèvrerie, la tapisserie et la gravure. Salviati est une des grandes figures du xvie siècle européen. Florentin de naissance, grand dessinateur formé à l'école d'Andrea del Sarto, sa carrière s'est principalement déroulée à Rome, mais ses séjours à Florence, à Bologne, à Venise et en France l'ont fait connaître bien au-delà de la Toscane.
Sa vie et son œuvre nous sont connues grâce au récit de son ami Giorgio Vasari dans les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (Florence, 1568).
Le protégé du cardinal Salviati
Francesco, surnommé Cecchino, puis Salviati du nom de son protecteur le cardinal Giovanni Salviati, était le fils de Michelangelo de' Rossi, tisserand de velours. Après un premier apprentissage chez un orfèvre, il passa rapidement dans l'atelier du peintre florentin Giuliano Buggiardini (1523), puis dans ceux du sculpteur Baccio Bandinelli (1526-1527), du Siennois Raffaello Brescianino et enfin dans celui, prestigieux, d'Andrea del Sarto. Bien que de courte durée (du printemps 1529 à la mort du maître, en septembre 1530), ce séjour, qui coïncida avec le siège de la ville de Florence par les troupes impériales, marqua le style du jeune artiste.
Après la chute de la République, au cours de l'hiver 1530, Salviati gagna Rome, où il fut accueilli par le puissant cardinal Giovani Salviati, protecteur des exilés républicains, proche du courant réformiste et des idées d'Érasme, partisan d'une réforme de l'Église. À Rome, vers 1534, il peint l'Annonciation (Santa Maria dell'Anima, Rome), première œuvre attestée, déjà très personnelle, et en 1538, à l'oratoire de San Giovanni Decollato, la fresque de la Visitation, dont la vaste composition se déroule à la manière d'un bas-relief. Les couleurs claires, la définition des formes bien structurées, la liberté d'imagination sensible dans les drapés et dans l'introduction de motifs iconographiques extérieurs à la scène (Allégorie de la Charité, à droite) en font un jalon important de l'histoire de la peinture monumentale italienne. Recherché dès ses années florentines comme portraitiste, genre dans lequel il excella tout au long de sa carrière, comme le montre le Portrait d'homme aux livres, œuvre de la maturité (récemment acquis par le Musée national de Tokyo), l'artiste se fit aussi connaître comme peintre de décors éphémères, à l'occasion de l'entrée de Charles Quint à Rome (1536), et au service du duc Pier Luigi Farnèse, fils du pape Paul III (fresques au château de Nepi, cartons de tapisserie de l'Histoire d'Alexandre, entrée triomphale à Castro).
Très apprécié aussi pour la perfection et la variété de ses dessins, il fournit un modèle de marqueterie pour Fra Damiano Zambelli, ainsi que l'illustration d'un ouvrage (non retrouvé) de l'humaniste Giulio Camillo, sans doute le fameux Théâtre du monde. Salviati quitta Rome au printemps 1539. Après un bref arrêt à Florence, où il participa au décor conçu pour les noces du duc Cosme Ier de Médicis et d'Éléonore de Tolède, et une halte à Bologne, marquée par la rencontre avec le graveur Girolamo Facciuoli, il gagna Venise, probablement à la suite du cardinal Salviati. De Venise, il envoya à Bologne une Vierge avec l'enfant et six saints pour l'église de Santa Maria in Fondazza (toujours en place). Il peignit sur place une Pietà monumentale pour la confrérie du Corpus Domini (Brera, Milan), des fresques avec un décor de grotesques dans le palais Grimani (Santa Maria Formosa), un portrait de l'Arétin (aujourd'hui perdu), destiné[...]
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Écrit par
- Catherine MONBEIG GOGUEL : directeur de recherche au C.N.R.S., département des Arts graphiques, musée du Louvre
Classification
Média
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