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SALVIATI FRANCESCO DE' ROSSI dit (1510-1563)

Un peintre maniériste

De retour à Rome, au printemps de 1541, l'artiste reçut un paiement le 29 juillet 1541 pour une fresque représentant le Roi Pépin (aujourd'hui perdue), peinte au palais du Vatican, où il travailla aux côtés de Perino del Vaga. Il illustra de dessins visionnaires le traité De Chirurgia de Vidus Vidius (Guido Guidi), médecin de François Ier (Bibliothèque nationale, Paris). Des dessins d'anatomie d'une grande finesse (British Museum, Londres), attribués par erreur à Baccio Bandinelli, pourraient dater de ces années. Vasari affirme que Salviati aurait commencé à travailler entre 1541 et 1543 à la décoration de la chapelle des Margraves à Santa Maria dell'Anima (Pentecôte).

Palazzo Vecchio, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Palazzo Vecchio, Florence

Sans doute à la suite d'un grave différend avec Pier Luigi Farnèse, dont fait état une lettre de son ami l'humaniste Annibale Caro de février 1544, Salviati se réinstalla à Florence, à la cour du duc Cosme Ier de Médicis (1543-1548). Il y peignit son premier grand cycle décoratif monumental au palais de la Seigneurie (Histoires de Camille, Sala dell'Udienza), dans le goût romain, et collabora à la manufacture de tapisseries, créée en 1546 (Songe de Joseph, Palazzo Vecchio, Florence). « Inventions insolites, agencements diversifiés, relief obtenu par des personnages bien détachés les uns des autres, gaieté des coloris, richesse des costumes » (Vasari) caractérisent ces œuvres de la maturité, qui comptent des Vierges à l'Enfant (Museum of Art, Toledo) ; des Charité (galerie des Offices, Florence) ; l'Incrédulité de saint Thomas, envoyée à Lyon en 1545 (musée du Louvre, Paris) ; la Déposition de croix (Santa Croce, Florence).

Les années qui suivirent le retour à Rome, après la mort de Perino del Vaga (1547), furent occupées par deux grands cycles décoratifs princiers, au palais Sacchetti (Histoires de David, vers 1553-1554) et au palais Farnèse (Célébration de la famille Farnèse, avant 1557), ainsi qu'à des décors religieux : chapelle du Pallio (palais de la Chancellerie, 1548-1550), chapelles des églises San Giovanni Decollato (1550-1551), Santa Maria dell'Anima (1549-1550), San Salvatore in Lauro et Santa Maria del Popolo (1552-1554), où il succède à Sebastiano del Piombo. À la mort de son père, en 1555, Salviati retourna brièvement à Florence. Il y repassera au retour d'un voyage en France, à la suite du cardinal de Guise, entre février et octobre 1557. On ne conserve rien de ses fresques au château de Dampierre. Ses dessins et les gravures d'après ses inventions furent connues des émailleurs français.

Les dernières années romaines furent marquées par son échec pour obtenir la commande de la décoration de la Sala Reggia au Vatican (dessins conservés), par la réalisation de nouvelles fresques (San Marcello al Corso, chapelle de la Vierge, 1562-1563), par la participation au chantier du Belvédère, au Vatican (document de 1563) aux côtés du jeune Taddeo Zuccaro. Un ultime portrait, le Cardinal Giovanni Salviati entouré de sa meute de chiens, qui est perdu. Avant de mourir à Rome le 11 novembre 1563, Salviati légua ses dessins à Annibale Lippi, l'architecte de la Villa Médicis.

Salviati fut un artiste cultivé lié aux cercles érudits : Lodovico Domenichi lui dédia en 1547 l'édition italienne du Traité de la peinture de Leon Battista Alberti. Ses inventions furent diffusées par les meilleurs graveurs (Enea Vico). Il sut renouveler des sujets traditionnels comme les Trois Parques (palais Pitti, Florence), introduisant dans ses créations originales, outre un érotisme caractéristique du maniérisme, une ambiguïté qui laisse supposer une homosexualité rarement exprimée à l'époque (dessin de Trois Hommes nus, École nationale des beaux-arts, Paris).

— Catherine MONBEIG GOGUEL

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Palazzo Vecchio, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Palazzo Vecchio, Florence

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