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SAMARITAINS

Origine controversée

Les Samaritains se considèrent comme les Bnai Yisrael, «  fils d'Israël », c'est-à-dire les vrais représentants de la religion originelle, descendants des tribus d'Ephraïm et de Manassé, établies dans le royaume d'Israël- Samarie. Cette entité politique s'est maintenue indépendante jusqu'à la conquête assyrienne de 722 avant J.-C. Les conséquences de la captivité de Babylone restent une question controversée. Pour les tenants d'une interprétation orthodoxe fondée sur le récit biblique (2 Rois, XVII), le peuple samaritain s'est formé à partir de la fusion de populations étrangères, idolâtres et païennes, destinées à peupler la Samarie postérieurement à l'exode d’une bonne partie de sa population. La consommation du divorce idéologique, déjà annoncé, s'est donc réalisée après 538 avant J.-C., au retour de Babylone des Juifs de Judée. L'acceptation irréfléchie de ce récit explique le terme péjoratif de Cutheans (dérivée de la ville de Cuthea) utilisé pour désigner les Samaritains dans une certaine littérature. En revanche, si l'on s'en tient à des documents assyriens, la domination assyrienne ne semble pas avoir affecté la continuité des traditions et l'exode babylonien n'a touché qu'une faible partie de la population de la Samarie. De ce point de vue, on peut dire que probablement deux groupes distincts de population y vivaient côte à côte.

En outre, le récit de Flavius Josèphe est, pour certains, une source historique incontestable quand il affirme que le peuple samaritain s'est constitué vers le milieu du ive siècle avant J.-C. à cause d'un banal schisme avec Jérusalem. Il en résulte la fondation, par rétorsion, aux alentours de 312 avant J.-C., d'un Temple sur le Garizim, imitation exacte de celui de Jérusalem. Toutefois, l'épisode relaté par Flavius Josèphe prend place au sein de l'idéologie soutenue par les adversaires des Samaritains. Le Temple fut détruit en 128 avant J.-C. par les Juifs de Jérusalem, et la scission, à ce moment, est clairement attestée. Dans les périodes d'accalmie, la population samaritaine a atteint 1 200 000 âmes. Il reste que sous chaque domination étrangère – assyrienne, égyptienne, hellène, romaine, chrétienne, arabe et turque – les Samaritains ont subi des persécutions et connu des conversions comme les autres Juifs. Par exemple, sous Vespasien, pendant la guerre qui mena à la destruction du Temple de Jérusalem en l'an 70, Flavius Josèphe raconte le siège de la montagne sacrée et le massacre de 11 600 Samaritains. Ces derniers tenteront à nouveau de se rebeller et, au iiie siècle, sous la conduite de leur héros national Baba Rabbah, ils essaieront de renaître politiquement, religieusement et militairement. Les révoltes sous les empereurs byzantins Zénon, en 484, et Justinien, en 529, ont eu un grand retentissement sur l'histoire des Samaritains. Justinien a été accusé d'avoir cherché à exterminer ce peuple.

La découverte des manuscrits de Qumrān, près de la mer Morte, devrait aider à mieux comprendre la formation de la pensée religieuse et philosophique des Samaritains. Or on est censé croire qu'à la base du Pentateuque samaritain se trouve un ancien texte, un texte neutre, appelé proto-samaritain. Ainsi, le texte samaritain comprend deux catégories de contenus : la première est constituée d'un ancien texte ; la seconde, des modifications et des ajouts nécessaires à présenter les éléments caractéristiques propres à la secte samaritaine. Les anciens textes offriraient une tradition palestinienne, qui est différente des enseignements rabbiniques. On y entrevoit la source des prescriptions appliquées par les sectes juives, et on y rattacherait aussi les croyances des Falachas et des Caraïtes. De son côté,[...]

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Écrit par

  • : chercheur-professeur au département d'études politiques de l'université de Catane, Italie

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Manuscrit contenant le Pentateuque - crédits : Spencer Arnold/ Hulton Archive/ Getty Images

Manuscrit contenant le Pentateuque

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