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FOSSO SAMUEL (1962- )

Le photographe camerounais Samuel Fosso est surtout connu pour ses « autoportraits », dans lesquels il emprunte l’identité de personnalités issues du monde politique et de la culture populaire.

Samuel Fosso naît le 17 juillet 1962 à Kumba, au Cameroun. Il passe son enfance au Nigeria, mais le conflit né de la sécession du Biafra à la fin des années 1960 oblige sa famille à s’enfuir à Bangui, en République centrafricaine, où il finit par s’installer. Il découvre la photographie au début de l’adolescence, alors qu’il travaille comme cordonnier. En 1975, après un court apprentissage chez un photographe local, il ouvre son propre studio. Il vit et travaille sur place, réalisant le portrait de nombreux habitants des environs à cette fin, il se fabrique des projecteurs et utilise pour tout décor des tissus africains traditionnels ou peints à la main par ses amis. À la fin de la journée, il passe souvent de l’autre côté de l’appareil pour terminer une pellicule. Ces autoportraits mis en scène sont une manière pour Fosso d’envoyer des nouvelles à sa grand-mère, restée au Nigeria. Le jeune artiste, pleinement conscient de l’évolution culturelle et politique de son pays, y trouve aussi un moyen d’expression qui transforme son art. Dans un grand nombre de ses premières photographies, il emprunte des éléments à la culture populaire qu’il admire et va même jusqu’à demander à des tailleurs locaux de reproduire les costumes de certaines célébrités.

En 1993, le photographe français Bernard Deschamps, à la recherche d’artistes à programmer en vue de la première édition des Rencontres de la photographie africaine à Bamako, découvre les clichés de Samuel Fosso. La carrière artistique de ce dernier débute ainsi avec cette manifestation, crée en 1994. Il remporte ensuite le prix Afrique en Création en 1995, puis le prestigieux prix du Prince Claus en 2001. Bien que son œuvre soit comparée à celle de photographes de studio traditionnels africains (tels que le Malien Seydou Keïta) et de photographes occidentaux qui utilisent la technique de l’autoportrait (comme l’Américaine Cindy Sherman), Samuel Fosso travaille dans un isolement relatif.

Il continue à faire évoluer son art et à élargir la portée de ses autoportraits, utilisant ces images construites pour faire référence à des événements culturels et politiques ou les montrer sous un regard critique. Avec Seydou Keïta et Malick Sidibé, Samuel Fosso est invité par les magasins Tati à Paris en 1997. Il se représente alors sous différents traits, allant d’un chef africain revêtu de peaux de léopard et de bijoux en or à une Noire américaine glamour. Il consacre la série Mémoire d’un ami (2000) à Tala, un ami sénégalais, tué par les militaires centrafricains et une autreLe rêve de mon grand-père (2003) à Agwu Okoro, à son grand-père.

Samuel Fosso participe à l’exposition d’art contemporain Africa Remix au Centre Georges-Pompidou en 2005. Il expose sa série Vous serez beau, chic, délicat et facile à reconnaître aux Rencontres d’Arles en 2008. Dans la série African Spirits, réalisée à l’occasion d’une exposition itinérante présentée dans un premier temps à Paris chez son marchand Jean-Marc Patras, en 2008, il se travestit en divers leaders, personnalités politiques ou icônes culturelles noires, tels que l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, le boxeur américain Muhammad Ali, le leader pacifiste américain en faveur des droits des noirs Martin Luther King, l’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo Patrice Lumumba et la militante américaine Angela Davis.

Dans la série L’Empereur d’Afrique (2013), ses autoportraits dans lesquels il revêt l’apparence de Mao Zedong sont pour lui une manière d’interroger les relations entre la Chine et l’Afrique.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Autres références

  • PHOTOGRAPHIE AFRICAINE

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    • 2 médias
    ...du colonialisme et du néo-colonialisme sont corrélativement les principaux angles d'attaque : Le chef qui a vendu l'Afrique aux colons (1997) par Samuel Fosso (République centrafricaine) ou Les Oubliés de la médaille (2005) de Joseye Tienro (Mali). Est simultanément apparue la notion d'afropessimisme,...