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GOMPERS SAMUEL (1850-1924)

Né à Londres, de parents d'origine hollandaise qui émigrent en 1863 à New York, Samuel Gompers, après avoir suivi jusqu'à l'âge de dix ans des études dans une école libre israélite, devient ouvrier cigarier.

C'est en travaillant dans les petites entreprises de fabrication de cigares de la région new-yorkaise qu'il connaît ses premières expériences d'action syndicale. Gompers adhère en 1864 au syndicat des cigariers (Cigarmaker's Union), mais celui-ci s'effondre pratiquement en 1873 quand commence une grave période de dépression économique. En 1877, les cigariers se lancent dans une longue grève, au terme de laquelle ils connaissent une sévère défaite. Cet échec démontre à Gompers l'insuffisance des syndicats existants, peu structurés, aux faibles moyens, fonctionnant essentiellement comme lieux de discussion sur les mérites comparés des doctrines coopérative, anarchiste ou socialiste. Gompers et Strasser, un autre dirigeant syndicaliste américain, réorganisent le syndicat des cigariers, d'abord localement, puis à l'échelle nationale. L'organisation de ce syndicat est rapidement copiée dans d'autres branches professionnelles et, en 1881, est créée la Fédération des syndicats des États-Unis d'Amérique et du Canada (Federation of Organized Trades and Labors Unions of the United States of America and Canada), dont Gompers préside le comité constitutif.

En 1886, la fédération devient l'A.F.L. (Fédération américaine du travail — American Federation of Labor). Gompers en devient le président ; il le restera jusqu'à sa mort, avec une interruption d'un an, en 1894-1895, pendant une nouvelle période de crise économique. Dans ses principes d'organisation, l'A.F.L. rompait avec la tradition syndicale américaine et même européenne. Un seul syndicat par métier pouvait s'y affilier, cela pour éliminer le risque de concurrence entre travailleurs, dangereux en cas de grève. La représentation à la tête de l'A.F.L. se faisait par métier et non par région, et proportionnellement aux adhérents. Chaque syndicat national était libre de ses mouvements : l'A.F.L. était une structure fédérale souple.

Dès lors, la carrière de Samuel Gompers se confond avec le développement de l'A.F.L., à travers une rivalité, exprimée souvent de façon brutale, avec les « chevaliers du travail » d'une part, les courants socialiste et socialisant d'autre part. La doctrine syndicale de Gompers et de l'A.F.L. est en effet strictement revendicative. Gompers dénonce les aspirations à une société socialiste gérée par la classe ouvrière : celle-ci n'est pas capable, d'après lui, de se substituer aux capitalistes. De ce fait, il se montrera profondément hostile aux bolcheviks et au régime soviétique, qu'il attaquera violemment dans un ouvrage paru en 1921. Gompers refuse également l'intervention de l'État, dénoncé comme interférant dans les rapports entre ouvriers et patrons. Selon ses propres termes, « le syndicat fait partie intégrante du système capitaliste. Il est un phénomène capitaliste, tout comme la société anonyme. L'un groupe les travailleurs en vue d'une action commune dans la production et la vente ; l'autre groupe les capitalistes exactement en vue du même but. La fin économique est la même pour l'un et l'autre : c'est le gain. »

Cette conception de la lutte syndicale explique la recherche systématique de négociations et de conventions collectives, ce qui n'exclut pas toutefois des formes de lutte plus violentes (grève, boycott) ; elle explique l'insertion rapide des syndicats dans la vie publique, leur intégration dans la communauté nationale. Dans cette reconnaissance de la légalité syndicale, Samuel Gompers, dont les qualités humaines (probité, diplomatie) étaient unanimement[...]

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  • AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations)

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    ...avait été précédée en 1881 par la Federation of Organized Trades and Labor Union qui devint en 1886 l'American Federation of Labor sous la direction de Samuel Gompers (1850-1924), membre du syndicat des ouvriers des manufactures de tabac et président de sa section locale de 1874 à 1881. À ce titre, après...