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SAN ou BOCHIMANS

Organisation sociale

Il n'y a pas, chez les Bochimans, de pouvoir politique tribal ou intertribal. Un groupe ne se distingue des autres que par son dialecte. Les principaux sont : au nord, les Kung, Heikum, Auen ; au centre, les Naron, Hukwe, Galikwe, Heichware ; au sud, vivaient les communautés Xam-ka et les Nke, toutes deux éteintes.

Chaque groupe se compose de bandes de 20 à 60 personnes, ayant entre elles des liens familiaux. La bande est toujours formée de plusieurs noyaux familiaux : les parents, les fils mariés et leurs enfants, les filles avec leur époux au début du mariage, car tout jeune marié doit chasser quelque temps pour ses beaux-parents, dans ces sociétés où il n'y a ni richesse, ni dot par conséquent ; une veuve peut soit vivre avec une de ses filles dans la bande de son gendre, soit rester avec ses fils, soit retourner chez ses frères. La bande possède le droit de cueillette et de chasse sur un territoire. Le seul pouvoir reconnu est celui du chef de bande, en principe l'aîné, et souvent en fait le meilleur chasseur ; son rôle principal est de décider des migrations, d'utiliser les ressources avec économie selon les saisons, de tirer parti de la proximité de l'eau, des mouvements du gibier. Tout objet, et plus spécialement les plantes sauvages comestibles, appartient à celui qui, le premier, l'a trouvé et signalé. Si un membre d'une autre bande se l'approprie, il commet un vol que l'homme lésé est en droit de punir. Le voleur est identifié facilement car les traces de pas sont reconnues, autant que les physionomies. D'où les vendettas entre bandes, aggravées par l'absence d'autorité politique ou judiciaire.

La polygamie est appréciée mais peu pratiquée, car, l'accumulation de biens n'existant pas, aucun homme n'a plus de puissance matérielle qu'un autre et ne peut donc acquérir plus de femmes. Sur quatre-vingt-huit Kung mariés, nous dit Lorna Marshall, neuf hommes seulement avaient deux femmes.

La subsistance du groupe est assurée par les hommes et les femmes : les hommes chassent, et ne récoltent qu'occasionnellement. Le gibier le plus recherché est la grande antilope, parfois le buffle ou la girafe. Les flèches en os, ou en fer, sont trop fragiles pour tuer sans poison ; la mort n'est donc pas instantanée et l'animal blessé est poursuivi, souvent pendant des journées et des nuits où il faut le disputer aux lions et aux hyènes. La viande est partagée entre tous les membres de la bande, selon des règles compliquées et scrupuleusement appliquées. Le repas de viande n'est pas communautaire, chacun préparant et mangeant sa part comme bon lui semble, afin que personne ne puisse être accusé de gloutonnerie. Une bande Kung abat en moyenne de quinze à dix-huit grands animaux par an, soit environ un cinquième de la nourriture.

La plus grande part de celle-ci est donc récoltée par les femmes. Les plantes comestibles (veldkos dans le dialecte d'origine hollandaise des immigrés européens) sont nombreuses : baies sèches ; fruits et feuilles pendant une courte saison ; concombres et surtout melons tsama (Citrullus vulgaris) qui permettent de vivre quelque temps sans avoir accès à l'eau ; plantes adaptées à la sécheresse dont les racines et tubercules conservent l'humidité ; noix de l'arbre mangetti (Ricinodendron Rautanenii Schinz), et semences d'une vigne (Bauhinia esculenta Burch), toutes deux riches en graisse et protéines. Les femmes s'aident d'un bâton à fouir pour récolter les racines. Parfois le bâton est renforcé d'un anneau de pierre semblable aux kwés préhistoriques trouvés un peu partout en Afrique. Les femmes parcourent jusqu'à quarante-cinq kilomètres en un jour de récolte et, outre les aliments, elles ramassent les bûches pour le feu du soir qui leur servira à préparer le repas familial. Bien[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

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