SĀÑCĪ
La construction des stūpa
On sait qu' Aśoka fit ouvrir les premiers stūpa, qu'il en retira les reliques du Buddha et redistribua ces précieux dépôts en de nouveaux et forts nombreux stūpa, érigés par lui sur les lieux où avait séjourné le Bienheureux et où la légende situait le déroulement de ses existences antérieures. Sāñcī n'appartient pas à la série des sites sanctifiés par le passage du Maître. Mais l'intérêt que lui manifestèrent l'empereur et son épouse, originaire de la contrée et mère de Mahinda, donne à penser que ce monastère jouissait d'un prestige dû peut-être à la présence de religieux éminents. En effet, Aśoka y dressa, vers la fin de son règne, un pilier sur lequel une inscription condamne les schismatiques ; on lui attribue aussi la construction du noyau primitif, en briques, du Grand Stūpa et d'un temple en bois sur plan absidal (no 40), agrandi par la suite, dont les substructions se voient dans la partie méridionale de la zone archéologique.
Sous la dynastie Śuṅga (env. 187-75 av. J.-C.), un revêtement de pierre donna au Grand Stūpa ses dimensions actuelles (une quinzaine de mètres de hauteur et près de 35 m de diamètre). La forme originelle du dôme – une demi-sphère au sommet légèrement aplati – fut respectée, mais on encercla sa base d'une terrasse qui semble faire corps avec lui. Un édicule d'où jaillissait la hampe d'un parasol de pierre couronna le tout. Pour délimiter au niveau du sol de chemin de circumambulation, on dressa tout autour du massif une haute barrière (vedikā) de pierres lisses assemblées à tenons et mortaises, que perçaient quatre entrées en chicane. De la période Śuṅga datent aussi le corps et la balustrade sculptée du petit stūpa 2, situé en contrebas sur le flanc ouest de la colline (dans lequel avaient été enfermées les reliques de plusieurs saints), ainsi que le corps du stūpa 3, proche du Grand Stūpa et destiné à abriter une partie des ossements de deux compagnons du Buddha.
Aux environs de l'ère chrétienne, quand les rois Śatavāhana contrôlaient encore la région (ils devaient, vers la fin du ier siècle, se fixer dans le bassin inférieur de la Kiṣṭṇā, à l'est du Dekkan), on compléta le Grand Stūpa en bordant sa terrasse d'une petite balustrade et en soulignant les ouvertures orientées de la grande balustrade par des portes monumentales ( toranạ) dont la beauté confère à l'ensemble un charme d'une rare qualité. Ces portes furent vraisemblablement exécutées dans l'ordre suivant : sud, nord, est et ouest. Le toranạ unique du stūpa 3 est une réplique de la porte occidentale du Grand Stūpa.
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Écrit par
- Rita RÉGNIER : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Média
Autres références
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INDE (Arts et culture) - L'art
- Écrit par Raïssa BRÉGEAT , Marie-Thérèse de MALLMANN et Rita RÉGNIER
- 49 040 mots
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...furent ruinés par les musulmans lors de leur avance irrésistible à la fin du xiie siècle. À l'écart des routes empruntées par les envahisseurs, Sāñcī, au centre de l'Inde, a conservé d'importants vestiges d'édifices de style Gupta, et Ratṇagiri, à l'est, des fragments d'un bel ensemble postclassique....