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SANDEAU LÉONARD SILVAIN JULIEN dit JULES (1811-1883)

Né à Aubusson en 1811. En 1818, ses parents s'installent à La Châtre et l'inscrivent en 1825 au lycée de Bourges, qu'il quittera pour Paris en 1828.

Là, il fréquente les milieux artistes et bohèmes, et se montre « aimable et léger comme le colibri des savanes parfumées » (George Sand, 1er déc. 1830). C'est chez lui que la baronne Dudevant vient se réfugier en 1831 : de leur collaboration naîtront l'année même, sous la signature de Jules Sand, une nouvelle, La Prima Donna, et Rose et Blanche, ou la comédienne et la religieuse, roman disparate, incohérent et mélodramatique. Entre les deux apprentis écrivains, la rupture sera pénible (nov. 1832-janv. 1833) et leur tristesse réciproque transparaîtra dans Cyprien (nouvelle, 1833) et dans Lélia. Sandeau part pour un long voyage en Italie.

À son retour, il publie (à la fin de 1834) Madame de Sommerville, salué alors comme un roman intime et simple, en réaction aux récits romantiques et à la littérature frénétique. Balzac le soutient dans ces débuts de romancier, l'héberge et pense le prendre pour secrétaire ; en cette qualité, il compose une biographie imaginaire, préface aux Œuvres complètes d'Horace de Saint-Aubin (pseudonyme de Balzac). Mais la personnalité d'un tel patron l'écrase, et le romancier ne tient pas ses promesses, donnant Marianna (1839), roman à clef d'une écriture souvent alambiquée, où il est Henri, et George Sand Marianna, et Les Revenants, recueil de nouvelles déjà publiées et entremêlées à la production d'Arsène Houssaye. Au Docteur Herbeau (1842) succède, en 1847, Mademoiselle de La Seiglière, qui illustre le conflit entre les restes d'Ancien Régime et la nouvelle société. Il reprend ce thème dans Valcreuse, peinture de la vieille aristocratie vendéenne sous son aspect le plus sympathique, et dans Sacs et parchemins (1851), histoire de ces bourgeois parvenus avides de s'allier aux vieilles familles légitimistes ruinées et troquant des sacs d'argent contre des parchemins de noblesse.

Il participe dans La Presse (juill.-août 1845) avec Mme de Girardin, Gautier et Méry, à La Croix de Berny, roman composé sous forme d'échange de lettres où, chacun tenant un personnage, on rivalise de style et d'esprit face à des situations et des obstacles imprévus, « comme dans un steeple-chase on lutte de vitesse et d'intrépidité ».

À cette production de romancier laborieux s'adjoignent des collaborations ponctuelles au Figaro de Karr, où il fit ses débuts, et au Journal des débats. Initié à l'art dramatique auprès de Balzac et de Houssaye, il donne des comptes rendus à la Revue de Paris puis à La Mode où il défend Hugo et plus encore Ponsard et où s'affirment peu à peu ses conceptions en matière de théâtre : marquant son hostilité à la tragédie classique comme au drame romantique « dans ses excès », il appelle de ses vœux la comédie bourgeoise, comédie de mœurs, réaliste et moralisatrice, issue de « l'école du bon sens ».

Il passera à l'acte en 1851, avec Mademoiselle de La Seiglière, et à partir de ses romans composera, avec Émile Augier, La Pierre de touche (1853), Le Gendre de M. Poirier (1854), Jean de Thommeray (1873).

Conservateur à la bibliothèque Mazarine (1853), il obtient ensuite le poste, créé pour lui, de bibliothécaire au palais de Saint-Cloud (1859). Il est reçu par l'Académie française, où il sera le premier romancier à siéger (1858) : on lui sait gré d'avoir, très tôt et constamment, condamné les « passions romantiques », de s'attacher aux petits faits vrais, et de faire l'apologie, au long de ses romans, de la famille, du travail et du devoir.

En 1870, il écrit un roman d'aventure maritime pour Hetzel, La Roche aux mouettes. Il meurt à Paris en 1883.

— Patrice DUBOC

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