SANDJAK
Terme turc, le sandjak signifie « drapeau », « bannière », « étendard ». C'est l'équivalent de la liwa arabe. Par extension, c'est le fief militaire, la division territoriale et administrative. Le sandjak, ou drapeau à hampe pointue par en bas, est pour les Seldjoukides un insigne royal (ce sont eux qui ont introduit le terme en Turquie). Au xiie siècle, le mot accompagne toujours le titre de sultan (sultan-e-sandjaghi) : il symbolise la conquête, l'annexion. Le sandjak est planté sur les murs des places fortes ayant capitulé (c'est le signe de reddition, semblable à l'étendard de l'Islam). À la fin du xiiie siècle, le sandjak est l'un des signes d'investiture des nouveaux seigneurs ; ainsi l'empereur Sulṭān ‘Alā' al-dīn II envoie à Osman le sandjak pour consacrer ses conquêtes ; celui-ci devient sandjakbey. Devenus indépendants, les princes ottomans nomment de plus en plus de sandjakbey. Les sandjakbey sont des fonctionnaires appointés, qui mobilisent et rassemblent les hommes en temps de guerre. Le sandjak est identifié au territoire sur lequel il flotte et devient une institution politique.
C'est Mūrad III (1574-1595) qui a ordonné la division de l'empire en cyalat et en sandjak, qui tient à la fois du fief militaire et de la représentation administrative du pouvoir central ; il s'étend à tout le monde ottoman. Au début du xixe siècle, on compte deux cent quatre-vingt-dix sandjak regroupés en vingt-cinq cyalat. Cette division en cyalat et en sandjak correspond à une organisation féodale et militaire de la société, qui disparaît lentement au cours du xixe siècle, et plus particulièrement lorsque le sultan Maḥmūd II élimine le corps des janissaires et renforce l'armée de métier. Le sandjak, ou liwa, n'est plus alors qu'une subdivision administrative, dont le gouverneur est un simple fonctionnaire civil, distinct du chef de brigade, ou mir liwa. Maintenu jusqu'en 1921, le sandjak est supprimé par la grande assemblée, après le démembrement de l'empire ottoman. Les départements turcs, les wilayet, rebaptisés il, correspondaient aux anciens sandjak.
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Écrit par
- Jean-Charles BLANC : diplômé de l'École des langues orientales, journaliste
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