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WEÖRES SÁNDOR (1913-1989)

Poète protéiforme, Weöres se sert de toutes les traditions, européennes et orientales, pour définir sa propre poétique. Son immense œuvre possède à la fois le souffle épique et visionnaire d'un Hugo et la rigueur méthodique d'un Mallarmé. De ce fait, Weöres occupe une place à part dans la poésie hongroise ; il est impossible de le classer dans un des grands courants littéraires de son pays. Weöres a précisé ses conceptions et a donné une espèce d'art poétique. La critique a souvent été confondue et désorientée par la richesse et la variété de l'œuvre de Weöres ; pourtant, les déclarations contenues dans les textes en prose permettent de découvrir une cohérence étonnante dans cette poésie multiforme et apparemment insaisissable.

Points de repère

Né en 1913 à Szombathely, Sándor Weöres passe dix ans à Pécs (1933-1943), où il fait ses études universitaires et travaille comme bibliothécaire, avant de s'installer définitivement à Budapest. En 1937, il fait un voyage en Asie et visite l'Inde, Ceylan et la Chine. Précoce, Weöres écrit des poèmes dès l'âge de quatorze ans ; le poète Mihály Babits le découvre très tôt et lui ouvre la revue Nyugat. Son premier recueil paraît en 1934 ; depuis lors, il a publié une vingtaine d'autres recueils dont les plus importants sont Méduse (Medúza, 1943), Le Péristyle des dents (A fogak tornáca, 1947), La Tour du silence (A hallgatás tornya, 1956), Fontaine de feu (Tűzkút, 1964), Sombre Saturne (Merülő Saturnus, 1968) et Psyché (1972). Weöres a publié plusieurs livres de poèmes pour enfants, trois pièces de théâtre et de nombreuses traductions ; il a traduit Mallarmé et le poète géorgien Rousthavéli, Eliot et Chevtchenko, mais il préfère, selon son propre aveu, ses traductions de Laozi, de Chuyouan et de William Blake.

La vision très moderne qu'il a des fonctions de la poésie a amené Weöres à reconsidérer l'histoire de la poésie de son pays et à en publier une anthologie très originale (Három veréb hat szemmel, Trois moineaux avec six yeux, 1977), qui modifie radicalement les traditions et les perspectives en insistant sur des valeurs censurées jusque-là (mysticisme, folie, érotisme, féminisme) ; cette anthologie ayant eu un grand succès, Weöres s'est trouvé à l'origine des tentatives de renouveler l'histoire littéraire.

À côté de son immense production poétique, Weöres a peu écrit en prose. Il convient cependant de signaler son étude, Essai sur la naissance du poème (A vers születése, 1939), qui contient des remarques capitales sur la liberté et la contrainte artistiques, sur la poésie des enfants et des fous et notamment sur la genèse, psychologique et artisanale, du poème. Enfin, dans deux interviews importantes, l'une à la radio de Londres en 1963 (publiée par la revue Magyar Műhely à Paris en 1964 et traduite en anglais dans la revue Tri-Quarterly, no 9, Evanston, Ill., 1967), l'autre à Híd, la revue littéraire hongroise de Yougoslavie en 1967, Weöres a précisé ses conceptions et a donné une espèce d'art poétique.

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Écrit par

  • : docteur de l'université de Leyde (lettres), professeur titulaire de littérature française moderne à l'université libre d'Amsterdam

Classification

Autres références

  • HONGRIE

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    • 32 134 mots
    • 19 médias
    ...l'élémentaire et du quotidien. Les poèmes d'Ágnes Nemes Nagy (1922-1991) dépassent le carcan politique et s'opposent clairement à la théorie romantique, tandis que Sándor Weöres (1913-1989), soucieux d'une recherche de musicalité, est un poète à l'imagination fertile, doté d'une force d'invention poétique...