LAVOREL SANDRA (1965- )
Écologue française, Sandra Lavorel est spécialiste du fonctionnement des écosystèmes. Membre de l’Académie des sciences depuis 2013, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), elle a reçu, en septembre 2023, la médaille d’or du CNRS – après avoir obtenu celle d’argent dix ans auparavant. Cette distinction vient récompenser ses travaux de recherche en écologie fonctionnelle – qui concernent les services rendus par les écosystèmes aux sociétés humaines et, dans le contexte de la crise environnementale, l’impact des activités humaines sur ces services.
L’approche fonctionnelle des communautés végétales
Née le 12 septembre 1965 à Lyon, Sandra Lavorel devient, en 1987, ingénieure de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G, devenu depuis AgroParisTech). Le thème premier de ses recherches est la dynamique des communautés végétales, c’est-à-dire de l’ensemble des plantes vivant en un même lieu. L’étude des communautés végétales est une des clés de voûte de l’écologie : on sait, par exemple, que la diversité végétale décroît avec l’altitude ou la latitude, en réponse à l’augmentation de la rigueur du climat, ou encore que les flux de matière et d’énergie dépendent largement de la composition de ces communautés végétales.
Après sa thèse soutenue en 1991 à l’université de Montpellier, Sandra Lavorel part trois ans à Canberra, en Australie, pour un séjour postdoctoral à l’issue duquel elle est recrutée au CNRS et revient à Montpellier au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Elle rejoint en 2003 le Laboratoire d’écologie alpine à Grenoble. Elle fait partie d’une poignée de chercheurs qui ont révolutionné les recherches sur les communautés végétales en s’appuyant sur les « traits fonctionnels » des espèces. Il s’agit de fonctions élémentaires des espèces qui reflètent leurs réponses à des variations de leur environnement et leur rôle dans le fonctionnement des écosystèmes, par exemple l’adaptabilité à la sécheresse, ou encore la capacité à utiliser l‘azote des sols. Cette approche établit un lien direct entre communautés végétales et fonctionnement des écosystèmes et des paysages : les traits mentionnés ci-dessus à titre d’exemples sont ainsi liés, respectivement, au cycle de l’eau et à celui de l’azote. Sandra Lavorel a fortement contribué à montrer que la diversité des fonctions au sein d’une communauté est beaucoup plus pertinente pour comprendre le fonctionnement des écosystèmes que le simple nombre d’espèces, qui a constitué pendant des décennies la principale unité de mesure de la diversité d’une communauté. L’utilisation des traits fonctionnels donne également un caractère générique aux résultats, permettant par exemple de comparer une steppe australienne et une pelouse alpine, aux compositions en espèces pourtant totalement différentes.
L’analyse des réponses des plantes aux variations des facteurs de l’environnement – et, in fine, de celles des écosystèmes – suppose tout un ensemble coordonné d’approches rigoureuses, partant de définitions claires et non ambiguës des traits fonctionnels des végétaux, alliant expériences et observations et s’appuyant sur une standardisation des méthodes de mesures pour la construction de bases de données fiables et homogènes. Sandra Lavorel a joué un rôle de tout premier plan dans le développement de ce champ de recherche, par l’activité quotidienne de son équipe et comme moteur des principaux efforts collectifs à l’échelle internationale dans ces domaines.
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Écrit par
- Jean-Dominique LEBRETON : directeur de recherche émérite au CNRS, membre de l'Académie des sciences
Classification
Média