SANG Identité et hérédité
L'identité hémotypologique
Le nombre de systèmes sanguins actuellement connus est très élevé. En les étudiant tous ensemble il est possible de caractériser un individu avec plus de précision que par ses traits anatomiques. Ainsi, l'hémotypologie a démontré que, chez tout sujet, une spécificité biochimique se superpose à la spécificité morphologique. Une première notion apparaît ici, celle de l'individualité biochimique de l'être vivant.
Applications médicales
L'individualité biochimique peut être source de conflit lorsque se réalise, spontanément ou artificiellement, un certain « mélange biologique » de deux sujets. Un certain nombre d'exemples sont à retenir.
– L'allo-immunisation fœto-maternelle. Au cours de la grossesse il arrive fréquemment que des hématies du fœtus franchissent le placenta et pénètrent dans la circulation sanguine maternelle. Lorsque ces hématies portent un facteur absent chez la mère, celle-ci peut s'immuniser contre lui et fabriquer des anticorps. Il s'agit d'une véritable « vaccination » spontanée de la mère contre les antigènes de son enfant. Ultérieurement, les anticorps maternels pourront traverser le placenta dans le sens mère-fœtus et venir se fixer sur les hématies fœtales qui seront détruites. Un tel processus, appelé allo-immunisation fœto-maternelle, peut entraîner chez le nouveau-né une maladie hémolytique néo-natale : anémie, ictère parfois compliqué de troubles nerveux. Dans les cas les plus graves, le fœtus meurt in utero (anasarque fœto-placentaire). Dans la grande majorité des cas, cette maladie est due au facteur Rhésus (antigène Rh) : la mère Rh — (dépourvue d'antigène) s'immunise contre le facteur Rh présent sur les hématies de l'enfant (sujet Rh +), qu'il a hérité de son père ; elle synthétise un anticorps anti-Rh qui détruit les hématies fœtales. On dit qu'il y a « grossesse conflictaire ».
L'une des thérapeutiques de cette maladie est l' exsanguino- transfusion, qui consiste à remplacer la plus grande partie du sang du nouveau-né (Rh +) par du sang Rh —, invulnérable aux anticorps maternels. L'anémie est ainsi bloquée et l'organisme de l'enfant, désormais à l'abri des anticorps de la mère, a tout le temps de « refaire » son propre sang. Des transfusions et même des exsanguino-transfusions du fœtus in utero sont possibles. Enfin, une autre méthode prophylactique a été mise au point. On injecte au sujet Rh —, durant la grossesse, des immunoglobulines anti-Rh ; ces anticorps détruisent les hématies du fœtus qui passent dans le sang de la mère, évitant ainsi toute immunisation.
– La transfusion sanguine et l'exsanguino-transfusion. La transfusion sanguine consiste à injecter du sang d'un sujet (donneur) à un autre sujet (receveur) ; elle doit tenir compte de la spécificité sérologique de chacun. On appliquera donc des « règles de compatibilité » assez strictes qui peuvent se résumer ainsi : on ne doit jamais injecter à un sujet du sang portant un antigène qu'il ne possède pas lui-même. (cf. Les marqueurs génétiques du sang et les groupes sanguins)
– La transplantation d'organes. La réussite d'une transplantation d'organe suppose qu'il existe une certaine ressemblance immunologique entre le donneur et le receveur, faute de quoi le receveur s'immunise contre les antigènes présents dans l'organe greffé (et qu'il ne possède pas), ce qui provoque une « crise de rejet » (destruction du greffon). Les facteurs qui régissent la compatibilité tissulaire sont non seulement les groupes sanguins classiques des globules rouges, mais encore et surtout les facteurs présents sur les globules blancs (leucocytes et plaquettes) et que l'on retrouve dans la plupart des tissus. Pour qu'une transplantation d'organe ait le maximum[...]
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Écrit par
- Jacques RUFFIÉ : professeur au Collège de France, membre de l'Académie de médecine
- Jean-Pierre SOULIER : professeur d'hématologie, directeur du Centre national de transfusion sanguine
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Médias
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