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SANS TOIT NI LOI, film de Agnès Varda

Lorsqu'elle entreprend Sans toit ni loi, Agnès Varda n'a pas réalisé de long-métrage de fiction depuis près de dix ans, depuis L'une chante, l'autre pas, en 1976. Elle obtient une aide directe du ministère de la Culture en septembre 1985, à partir d'un court synopsis de deux pages, et applique pour son projet de film ce qu'elle appelle la « cinécriture » : « Ma méthode, c'est d'improviser intensément sur une structure très préparée », précise-t-elle en 1988.

D'abord photographe de plateau au T.N.P. de l'époque de Jean Vilar et Gérard Philipe, Agnès Varda a débuté en 1954, à l'âge de vingt-sept ans, en « franc-tireur » avec un film autoproduit très ambitieux, La Pointe courte. Le film n'est alors distribué que très confidentiellement. Varda ne se décourage pas et réalise des courts-métrages : Ô saisons, ô châteaux (1956), L'Opéra Mouffe (1958). Le producteur de la Nouvelle Vague, Georges de Beauregard, lui donne une seconde chance avec Cléo de 5 à 7, qui obtient un succès critique et public en 1961.

Par la suite, elle ne va pas cesser de tourner, alternant les courts, moyens et longs-métrages, les photographies, les documentaires, les essais et les films de fiction. Elle consacre trois films à son mari Jacques Demy, disparu en 1990, dont Jacquot de Nantes (1991). Elle obtient un triomphe international surprenant avec un essai documentaire réalisé avec une caméra numérique DV, Les Glaneurs et la glaneuse (2000) et un budget d'un film d'amateur.

Une femme errante

Une jeune routarde est découverte morte de froid dans un fossé. Comment ont réagi ceux qui l'avaient croisée sur leur chemin dans les dernières semaines ? Le récit d'Agnès Varda suit l'errance du personnage, ses brèves rencontres et ses haltes prolongées avec un autre routard qui squatte une vieille demeure, une bonne généreuse, un Marocain qui l'initie à la culture de la vigne, un couple de bergers ex-soixante-huitards, des « zonards » dans des gares, une botaniste spécialiste des platanes qui la prend en auto-stop. On la retrouve dans un squat qui est incendié à la suite d'une bagarre. Elle se réfugie dans une serre, puis est surprise par les participants d'une fête traditionnelle, la fête des Paillasses, qui la recouvrent de chiffons gluants imbibés de lie de vin. La jeune femme errante va connaître, tout au long de son périple, la solitude, le froid, le rejet, les agressions, le viol, la misère, la saleté et enfin rencontrer la mort.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Autres références

  • VARDA AGNÈS (1928-2019)

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    • 946 mots
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    Née le 30 mai 1928 à Bruxelles d’une mère française et d’un père grec, Agnès Varda passe son enfance à Sète puis étudie la photographie et l’histoire de l’art à Paris. Amie d’enfance de l’épouse de Jean Vilar, elle devient photographe du TNP, enregistrant tout, des maquettes audio aux répétitions et...