SANTA FE, Argentine
Comptant 451 571 habitants lors du recensement de 2001, la ville de Santa Fe, sur un bras du Paraná, le río de Santa Fe, demeura longtemps une place forte avancée au contact de la Pampa et du Chaco resté impénétrable jusqu'à ce qu'elle en dirige, dans la seconde moitié du xixe siècle, l'occupation puis, au tournant du siècle, la colonisation agricole et l'exploitation forestière. Santa Fe demeure le relais obligé vers le sud des communications du Chaco, qu'elle contrôle par la route, la voie ferrée et la navigation sur le Paraná. Mais la ville a connu son apogée à la fin du xixe siècle, au moment où la politique de colonisation agricole qu'elle animait dans la Pampa septentrionale lui assurait un important flux d'échanges. Le site d'origine, sorte de péninsule à la confluence des ríos Paraná et Salado, permettait d'assurer la défense et les liaisons fluviales. De nos jours, il interdit l'extension de la ville sur les trois côtés dangereusement exposés aux inondations.
Ville historique donc, Santa Fe a conservé le contrôle administratif de sa vaste et complexe province homonyme (133 007 km2, 3,2 millons d'hab. en 2008), taillée au long du Paraná, depuis le Chaco jusqu'à Buenos Aires. Cette primauté politique lui assure encore des fonctions universitaires et de multiples services, greffés sur une tradition commerciale née de l'exportation du maïs, du sorgho, de la luzerne, des oléagineux et du blé de la pampa. Le port a été modernisé afin d'accueillir des navires de haute mer. Les disponibilités en main-d'œuvre venue du Nord ont été exploitées dans des industries installées dans le faubourg de Santo Tomé-Sauce Viejo, sur la rive droite du Salado : tracteurs, automobiles, industries mécaniques, textiles et agroalimentaires, transformation du bois. Enfin, l'élite locale a su jouer de son pouvoir politique pour obtenir le percement sous le fleuve d'un tunnel (1968) qui joint Santa Fe au Paraná et dérive ainsi vers la ville le trafic de la « mésopotamie » destiné à Buenos Aires et à Mar del Plata. Appuyée sur son passé, tournée vers les marges subtropicales de la Pampa, chef-lieu d'une province hétérogène mais riche, Santa Fe a su résister au dynamisme de Rosario, sa grande rivale née de la mise en exploitation de la Pampa humide.
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Écrit par
- Romain GAIGNARD : maître assistant des facultés des lettres et sciences humaines, professeur à l'université nationale de Cuyo-Mendoza, Argentine
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Média