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SANTÉ Économie de la santé

L'économie de la santé peut être considérée comme un domaine appliqué de la science économique générale. Elle emprunte ses concepts théoriques de référence à quatre principaux domaines : l'économie de l'assurance, l'économie industrielle, l'économie du travail et l'économie publique, auxquels il faut ajouter l'économie du développement pour les travaux concernant la santé dans les pays du Tiers Monde (dont le cas ne sera toutefois pas spécifiquement abordé dans la suite de cet article). À partir des années 1960, l'économie de la santé s'est progressivement constituée en sous-discipline scientifique, dotée d'un important degré d'autonomie. Elle a ses spécialistes, regroupés dans l'Association internationale d'économie de la santé (I.H.E.A.), ses congrès et ses revues propres (notamment le Journal of Health Economics et Health Economics). Elle entretient un dialogue systématique avec les autres domaines de la science économique, d'une part, et les différentes disciplines (biologie, clinique, épidémiologie, sciences humaines et sociales) qui s'intéressent à la santé des individus et des populations, d'autre part. Avec un succès divers, et parfois mitigé, selon les pays et selon les moments, les résultats de ses recherches exercent une influence sur les décisions en matière de politiques de santé publique et de réformes de l'organisation des systèmes de santé et d'assurance-maladie, ainsi que sur les comportements, voire la culture, des professionnels (médicaux ou non) qui interviennent dans ces systèmes.

L'économie de la santé au service de la maîtrise des dépenses de santé

Le développement de l'économie de la santé est étroitement lié aux deux phénomènes majeurs qui ont caractérisé l'évolution de la protection sociale et des systèmes de santé dans les pays développés depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans l'ensemble de ces pays, la dépense totale de santé (DTS) a, jusqu'à la fin du xxe siècle, connu un rythme de croissance supérieur à celui de l'ensemble de la richesse nationale, et a donc mécaniquement tendu à représenter une part toujours plus importante du produit intérieur brut. À l'heure actuelle, la moitié environ des pays de l'O.C.D.E., dont la France, consacrent à la santé entre 3 000 et 4 500 dollars par habitant. En 2011, la DTS, mesure standardisée élaborée par l'O.C.D.E. pour permettre les comparaisons internationales, s'élevait en France à 235,6 milliards d'euros, soit 11,6 p. 100 du produit intérieur brut (P.I.B.), derrière les États-Unis et les Pays-Bas qui y consacrent respectivement 17,7 p. 100 et 11,9 p. 100 mais devant l'Allemagne (11,3 p. 100) et le Canada (11,2 p. 100). Cette demande de biens et services médicaux, en expansion continue, a pour l'essentiel été financée au travers de mécanismes collectifs de prélèvements obligatoires, fondés selon les pays sur l'impôt ou sur des cotisations sociales pour les différentes catégories socioprofessionnelles. La part des financements « publics » dans le total des dépenses de santé était en 2011 de 72 p. 100 en moyenne dans l'O.C.D.E., cette proportion étant supérieure à 50 p. 100 dans tous les pays membres à l'exception du Chili, du Mexique et des États-Unis. Les politiques de santé se trouvent confrontées à une tension contradictoire entre, d'une part, augmenter les dépenses pour répondre aux besoins croissants de soins efficaces de la population, d'autre part les réduire pour limiter les prélèvements obligatoires sur les revenus qui pèsent sur les déficits publics. Depuis le milieu des années 1970, tous les gouvernements des pays développés ont donc engagé des politiques de « maîtrise des dépenses de santé ». Si la croissance de ces dépenses est restée supérieure[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université d'Aix-Marseille, directeur de l'UMR 912 Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l'information médicale

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