Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SANTÉ ET ENVIRONNEMENT

Évaluation des risques sanitaires liés à l'environnement

Les décisions en matière de santé environnementale sont de fait difficiles à prendre. Elles imposent l’usage de critères objectifs, de mesures ou d'extrapolation des risques encourus.

Mesure de la qualité de l'environnement

L'évaluation de la qualité de l'environnement est déjà délicate : que va-t-on mesurer, à quel endroit et à quelle fréquence ? La contamination d'un sol par une substance varie selon sa nature, le régime des eaux, mais aussi avec la capacité de la faune et de la flore du sol à dégrader, transformer ou au contraire accumuler cette substance. L'accumulation de produits toxiques dans certains organismes peut aboutir à des concentrations ingérées très supérieures à celles qui sont présentes dans le sol : la dioxine est plus facilement absorbée par le biais d'aliments contaminés que par inhalation ; les champignons ou le thym ont une fâcheuse tendance à concentrer le césium et le strontium (c'est une des causes de la persistance de pathologies autour de Tchernobyl) ; certains fruits de mer et poissons accumulent les métaux lourds (c'est une des causes du drame de Minamata). La difficulté de l'évaluation n'est pas simplement la conséquence de l'accumulation dans la chaîne trophique car elle soulève bien d'autres questions pratiques : À quelle hauteur par rapport au sol doit-on mesurer les polluants de l'air ? À quelle périodicité ? Ces difficultés d'appréciation sont du même ordre pour l'eau.

En fait, cette évaluation de la « qualité » de l'environnement devrait idéalement être le produit de différentes mesures concernant diverses substances. Les résultats sont techniquement aisés à obtenir par combinaison d'un ensemble de techniques physico-chimiques et biologiques. La détection de presque toutes ces substances ne pose plus de problème. Mais il est difficile d'assembler ces données pour définir la « qualité » d'un environnement, d'autant que les différents paramètres de la « pathogénicité » éventuelle de l'environnement sont souvent régis par des agences différentes. On note cependant quelques grandes réussites en la matière en ce qui concerne l'appréciation de la qualité de l'eau et de l'air, notamment dans les grandes villes de l'hémisphère Nord.

Apprécier la toxicité d'un agent physique ou chimique

La dangerosité des agents physiques ou chimiques et leurs effets physiopathologiques sur les organismes sont classiquement appréciés par la toxicologie, originellement science des poisons. L'étude de la toxicité des substances et de leurs signes cliniques (ou de souffrance cellulaire dans le cas de recherches menées sur des cellules en culture), manifestés en fonction des doses introduites, est essentiellement menée sur l'animal de laboratoire, en général des rats et des souris. Le fondement expérimental est la relation entre la dose et la réponse observée ainsi que l'étalement dans le temps des effets. La grille d'analyse est complexe puisqu'elle comprend la létalité, la morbidité avec les signes cliniques observés, l'anatomopathologie avec les atteintes d'organes jusqu'au niveau moléculaire, l'étude des effets sur les comportements ainsi que sur le développement embryonnaire, le métabolisme des substances, l'effet de ces métabolites, leur excrétion, etc. Ces analyses sont associées à des études in vitro portant sur les effets au niveau des cibles moléculaires de la substance étudiée. Cela posé, une difficulté majeure pour l'interprétation est due au fait que les modes d'exposition expérimentale utilisés dans les tests ne sont pas naturels. En outre, la projection des résultats à l'homme n'est en général pas simple car les modes de transformation de toxiques en d'autres substances éventuellement à l'origine de troubles[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Médias

Bouleau en fleur - crédits : Katafei/ Shutterstock

Bouleau en fleur

Intoxication au mercure, Minamata (Japon) - crédits : W. Eugène Smith/ D.R.

Intoxication au mercure, Minamata (Japon)

Cerf et biches - crédits : M. Gorpenyuk/ Shutterstock

Cerf et biches

Autres références

  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par , et
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    Un des fondements de la gestion sanitaire, des plantes comme des animaux, est de renforcer le système immunitaire et les défenses naturelles des organismes et de l’agroécosystème.
  • ASTHME ET IMMUNITÉ INNÉE

    • Écrit par
    • 2 490 mots
    • 1 média
    On voit ainsi apparaître la nécessité de retrouver des caractéristiques biologiques de l’organisme liées à un environnement dit « naturel » qui existait et qui a disparu ou s’est appauvri avec le mode de vie occidentalisé fortement teinté d’hygiénisme. Il reste bien entendu nécessaire de réduire...
  • BISPHÉNOL A

    • Écrit par
    • 828 mots

    Le 4,4-isopropylidènediphénol, dit bisphénol A (ou BPA), et d'autres molécules apparentées sont largement utilisés dans l'industrie agroalimentaire pour tapisser l'intérieur d'emballages, dans les films à usage alimentaire, dans les biberons, mais aussi pour les papiers thermiques comme révélateur de...

  • BROUILLARDS

    • Écrit par
    • 4 273 mots
    • 3 médias

    Le brouillard est une suspension de très petites gouttelettes d’eau recouvrant les paysages sous la forme d’un voile, le plus souvent blanchâtre, qui réduit fortement la visibilité. Il tend à être grisâtre lorsqu’il est peu dense, et à prendre une faible coloration lorsqu’il est associé à des particules...

  • Afficher les 21 références