SANTÉ Inégalités territoriales de santé en France

Comment diminuer les inégalités territoriales en matière de santé ?

Remarquons tout d'abord que les hommes politiques convergent vers le fait que l'urgence est de (r)établir l'égalité d'accès aux soins. Cela est clairement exprimé tant à droite (rapport Larcher, 2008) qu'à gauche (Martine Aubry, 1999) mais... les remèdes diffèrent quelque peu.

Le rôle du médecin généraliste est essentiel et c'est le seul à être véritablement critique dans la prise en charge. En augmenter le nombre hors des grandes villes et faciliter l'accès à leur cabinet est donc nécessaire, mais on se heurte ici au principe de liberté d'installation. Personne ne semble être politiquement prêt à le remettre en cause même si cela a été fait récemment pour les infirmières qui n'ont, il est vrai, ni le même poids politique ni le même rôle de relais d'opinion que les médecins. Une solution pragmatique pourrait être de créer un corps (temporaire) de médecins-fonctionnaires à l'instar de l'Éducation nationale il y a quarante ans, avec les Instituts préparatoires à l'enseignement du second degré (I.P.E.S.) qui ont permis d'élever le niveau des collèges ruraux. Une voie supplémentaire devrait également consister à organiser les transports sanitaires, le dépistage mobile, les centres satellites. Cela n'a jamais été véritablement fait. Ce pourrait être, par exemple, aux hôpitaux d'aller vers les patients sans attendre que ceux-ci viennent frapper à leur porte.

Il serait judicieux de s'appuyer sur le maillage des services de santé dont nous avons hérité et qui est le fruit d'un long processus historique pour réorganiser le service public de santé actuel. Ce service est présent partout avec de petits hôpitaux fonctionnant avec un budget incomparablement plus faible que celui des grands hôpitaux. Présents sur tout le territoire, ils pourraient jouer un rôle similaire à celui de la politique de secteur pour la prise en charge des maladies mentales. Bien sûr ils ne peuvent pas tout faire et il y a du reste longtemps que ce n'est plus le cas. Mais ce que nous devons à nos concitoyens, ce sont des portes d'accès au système de soins, et ces portes doivent, si on veut qu'ils les poussent, se situer à proximité. Il s'agit là clairement d'une proposition d'un changement d'attitude par rapport à la notion d'un progrès médical qui privilégie le regroupement autour de pôles de haute technicité. Si l'on va plus loin dans le raisonnement, les cartes des inégalités de santé montrent que seulement trente à quarante zones (sans compter les banlieues en difficulté), peu habitées et peu accessibles, exigeraient un soutien exemplaire de la collectivité nationale au titre de la solidarité et de la continuité territoriale. L'approche territoriale des questions de santé permet donc aussi de bien circonscrire l'étendue, au sens propre, des problèmes et, en ciblant l'action, d'être économe des deniers publics.

— Emmanuel VIGNERON

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Emmanuel VIGNERON : professeur d'aménagement sanitaire à l'université de Montpellier-III

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