SANTÉ Le système de santé français
Une réorganisation annoncée
Les principaux thèmes en discussion concernent la formation des praticiens, l'organisation du système de santé et la question cruciale du financement.
Formation des praticiens
Depuis de nombreuses années, l'accès aux études médicales a été strictement contingenté (dans l'espoir de limiter les dépenses ?), avec pour effet d'entretenir dans le corps médical une ambiance de pénurie, aggravée par le non-remplacement des praticiens partant en retraite.
Le numerus clausus en vigueur interdisait à plus des trois quarts des étudiants en médecine de poursuivre au-delà de la première année, sans aucun recours pour les recalés. La mission dirigée par le Pr Jean-François Bach a réussi à débloquer cette situation : les recalés peuvent désormais être réorientés vers des options diverses leur permettant de poursuivre des études supérieures.
Pour les admis qui se destinaient à la profession de généraliste, aucune formation particulière n'était prévue. Ils devaient suivre l'enseignement hospitalo-universitaire de haut niveau, souvent déjà fortement spécialisé. Rien ne les préparait au contact du patient « de base » qui représente la clientèle hors hôpital. La nécessité de stages en pratique « de ville » a donc été envisagée.
Encore fallait-il redéfinir la mission du généraliste (cf. Le parcours de soins) car, si le système du médecin traitant lui donne la responsabilité de la prévention, du suivi des états chroniques et de l'orientation vers des soins spécialisés, d'autres options sont possibles. C'est ainsi qu'aux Pays-Bas le généraliste est un médecin « référent » à rôle thérapeutique élargi et à fonction quasi administrative envers son « lot » de patients, dont certains (ceux qui sont fonctionnaires) lui assurent un paiement par capitation. C'est dans une optique similaire que l'on peut admettre que le métier du généraliste soit une « spécialité », comme il en a aussi été question en France.
Les pratiques médicales sont perpétuellement remises en question, à la fois parce les progrès scientifiques en médecine sont aujourd'hui très rapides et parce que les « usagers » expriment de manière nouvelle et inhabituelle des préoccupations de santé, souvent alimentées – et parfois de façon intempestive – par une information pléthorique. Il faut donc que les médecins soient assujettis à une formation continue, indépendamment de ce que peut leur procurer leur propre démarche (presse, ouvrages médicaux, Internet...).
La formation continue des médecins était déjà prévue dans le plan Juppé, mais les modalités d'application n'ont jamais fait l'objet de décrets. Cela n'a pas empêché les médecins, conscients de l'importance de l'enjeu, d'organiser eux-mêmes des sessions de formation (Association confédérale pour la formation médicale, Association nationale de coordination des actions de formation continue et d'évaluation en médecine spécialisée, Association nationale de formation et d'évaluation des médecins de famille). La notion d'évaluation, relativement à l'acquisition de compétences, est centrale dans ce système d'entretien de la formation du médecin.
Le monde médical fait désormais partie du grand courant de communication qui caractérise la vie moderne et il connaît bien l'importance de ce que les Anglo-Saxons appellent evidence-based medicine, la médecine fondée sur ces « preuves » que fournissent les grands essais cliniques, la mise en commun des informations et les consensus thérapeutiques. Il s'appuie donc sur des données sûres qu'il faut diffuser aux utilisateurs professionnels de cette documentation. La question se pose en fait d'intégrer ces données de façon effective et vérifiable.
Réforme du système de santé
Ce[...]
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Écrit par
- Chantal GUÉNIOT : docteur en médecine
- Jean-François NYS : directeur de l'Institut universitaire professionnalisé management et gestion des entreprises, université de Limoges
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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