SANTIAGO, Chili
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Santiago, la capitale du Chili, est située à l'intérieur des terres, alors que le Chili possède plus de 5 000 kilomètres de côtes et se définit comme une nation maritime. Fondée par l'Espagnol Pedro de Valdivia en 1541, Santiago se trouve dans une dépression intérieure, à une centaine de kilomètres de l'océan Pacifique, séparée par la cordillère de la Côte qui s'élève à plus de 2 000 mètres. La centralisation chilienne explique la croissance de la capitale : de 250 000 habitants vers 1900, la région métropolitaine de Santiago atteint 5,6 millions d'habitants en 2005, soit plus d'un tiers de la population nationale. Santiago combine cette concentration démographique avec celle des pouvoirs politique et économique. Elle est une métropole mondiale, dont la croissance ne va pas sans poser de problèmes.
Le site de Santiago est un bassin d'une altitude d'environ 600 mètres, s'inclinant d'est en ouest. Il est parcouru par le Mapocho, torrent descendant de la cordillère qui se jette dans le fleuve Maipo au pied de la colline (cerro) Santa Lucía, après avoir traversé la ville. Le Mapocho a commandé l'étirement de la ville d'est en ouest et sa rive sud a été la plus urbanisée.
Santiago se trouve à la fois au débouché de passages franchissant la cordillère des Andes, dont le plus utilisé est aujourd'hui celui dit du Christ Rédempteur, menant vers la ville argentine de Mendoza, et à la terminaison septentrionale de la vallée centrale qui s'étend au sud jusqu'à Puerto Montt. Ainsi, Santiago est bien située pour contrôler les différents flux commerciaux.
Ville de taille très modeste durant la période coloniale, Santiago n'en disposait pas moins de fonctions politiques en tant que capitale de la capitainerie générale du Chili. Elle a donc une place d'armes, quelques bâtiments officiels, et surtout des églises et des couvents. Mais la ville, endommagée par des tremblements de terre (1906, 1960, 2010), est reconstruite plusieurs fois.
Santiago prend son essor au xixe siècle en devenant la capitale politique du Chili indépendant. Des bâtiments publics sont construits par des architectes français et italiens, pour abriter les institutions de la nouvelle république. À la fin du xixe siècle, la ville est embellie selon le modèle haussmannien, le cerro Santa Lucía est transfomé en parc urbain. Parallèlement, dans les communes périphériques comme Providencia, les classes les plus aisées – notamment les étrangers – vivent dans des quartiers-jardins et se retrouvent dans des lieux de sociabilité exclusive (clubs et terrains de sport). Au sud, dans la vallée du Maipo, les grandes familles de l'oligarchie possèdent leurs domaines viticoles.
La ville connaît une croissance rapide à partir des années 1950, sous l'effet de l'exode rural et d'un accroissement naturel soutenu. Elle se traduit, au niveau spatial, par un étalement urbain considérable (l'espace bâti passe de 3 000 à 70 000 hectares), suivant l'axe de l'Alameda, la grande avenue centrale, réduisant ainsi fortement la densité moyenne (seulement 100 hab./km2). La suppression de la limite urbaine en 1979 a accentué l'urbanisation de nouvelles terres. Elle a également permis le développement des transports en commun (bus, taxis collectifs, métro) et l'ouverture progressive d'autoroutes urbaines à péage.
La répartition des groupes sociaux dans la ville a été profondément modifiée par le régime militaire (1973-1989). Les habitants des bidonvilles (poblaciones callampas) ont été déplacés vers des communes périphériques. De plus, en 1981, les municipes du grand Santiago sont passés de dix-sept à trente-quatre, sans que le gouvernement n'établisse de mécanismes de péréquation entre les communes, et favorisant explicitement l'homogénéité sociale dans chacune des communes créées. La ville est ainsi passée d'une situation de relative mixité sociale entre les quartiers à une ségrégation exacerbée, reléguant les pauvres dans les quartiers bas de l'ouest et du sud, et laissant les plus riches s'installer dans les quartiers en hauteur du secteur est, proches de la cordillère. Les classes moyennes, nombreuses, habitent les quartiers centraux et péricentraux, ainsi que des lotissements périphériques.
La ville bénéficie de l'implantation des administrations publiques, des ministères et des grandes entreprises, et joue le rôle de point de contact privilégié entre le pays et le reste du monde. Bien desservi par un aéroport très moderne, Santiago abrite le siège de la Commission économique pour l'Amérique latine dépendant des Nations unies (C.E.P.A.L), de grandes banques et reçoit un nombre croissant de congrès internationaux. Ces activités investissent la commune de Providencia, à l'est du centre historique, où un nouveau centre d'affaires avec de grands immeubles de bureaux est en plein développement.
Le principal problème de Santiago est la pollution, provoquée par les transports urbains, les embouteillages et l'inversion thermique qui bloque les fumées qu'aucun vent ne vient chasser. Malgré tous les efforts pour limiter la circulation automobile, améliorer les véhicules et déplacer les entreprises, le phénomène n'a pas été enrayé. Il affecte tous les Santiaguinos, mais surtout les plus pauvres vivant dans les quartiers les plus pollués ne disposant pas d'espaces verts. Le maintien de la stature internationale de Santiago passe, entre autres, par la résolution de ce problème.
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Écrit par
- Sébastien VELUT : professeur de géographie à l'Institut des Hautes études d'Amérique latine, Université de Paris III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
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