SAPPORO
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Chef-lieu du département septentrional de Hokkaidō, Sapporo est à la tête de la plus vaste région du Japon. Véritable métropole régionale, elle organise ce territoire qui fut essentiel au xxe siècle pour l’archipel, tant sur le plan vivrier qu’industriel ou énergétique. Avec 1,9 million d’habitants en 2017, c’est la cinquième ville du Japon et ce fut longtemps la seule ville millionnaire au nord de Tōkyō, mais avec une influence limitée au Hokkaidō.
L’île n’a été qu’assez récemment intégrée au territoire national (traité russo-japonais de Shimoda en 1855) et n’a été véritablement colonisée qu’à partir des années 1870. Sapporo est ainsi l'une des métropoles les plus récentes du Japon et une des seules, avec Yokohama, à ne pas avoir été une « ville sous le château » pendant la période Edo (1603-1868).
Située dans la plaine d’Ishikari, Sapporo résulte de la mise en valeur de ce nouveau territoire sous forme de colonie militaire. Le toponyme de la ville est d’origine aïnou, peuple autochtone marginalisé du Hokkaidō.
Les origines de Sapporo datent de 1866, dans le cadre de la construction du canal qui devait relier la façade de la mer du Japon à celle de l’océan Pacifique. La construction de la ville est décidée en 1868, supervisée par la commission pour le développement de Hokkaidō. Il s’agit de doter l’île d’un nouveau chef-lieu, aux dépens de Hakodate, la capitale historique, qui a été le dernier réduit de la résistance militaire à la restauration impériale. Le plan de Sapporo est conçu avec des ingénieurs américains dont Horace Capron, qui imprime sa marque sur le développement de l’île. On lui doit, en partie, le tracé en damier qui organise la quasi-totalité des plaines de Hokkaidō, dans lequel s’insèrent les fonctions agricoles et urbaines. Cet héritage, qui modèle Sapporo sur le plan orthogonal des villes du Middle West américain, reste encore très visible dans les parties nord et est de la ville. Construite en extension sur sa plaine, c’est la métropole la moins densément peuplée du Japon avec seulement 1 740 habitants par kilomètre carré quand Tōkyō en compte 6 000.
Les premiers colons s’installent en 1875, en provenance de tout le Japon, faisant de la ville un melting-pot de toutes les cultures de l’archipel. Elle est reliée à son port, Otaru, par le chemin de fer en 1880. Le département de Hokkaidō est établi en 1886 et Sapporo est alors le centre administratif et économique de l’île. La ville s’étend sur la plaine d’Ishikawa en intégrant les villages de colons alentour. L’université est créée en 1907 à partir de l’école d’agronomie, comme antenne de l’université du Tōhoku à Sendai. Elle devient une université impériale en 1918, et conserve un rôle pionnier dans la recherche agronomique, qui voit des mises en application immédiates dans les fermes de l’île. De grands groupes de l’industrie agroalimentaire japonaise, tels que Yukijirushi, Japan Tobacco ou les bières Sapporo installeront leurs usines dans la partie est de la ville.
Sapporo est bombardée en juillet 1945 : moins d’un cinquième de la ville est détruit, une partie du patrimoine architectural étant épargnée, dont les bâtiments de brique rouge, typiques de la modernisation du Japon. Dans l’après-guerre et lors de la haute croissance économique (1955-1973), les fonctions tertiaires se développent au sud de la gare, avec l’installation des succursales, pour Hokkaidō, de la plupart des grands groupes industriels et financiers du Japon.
Elle devient une ville millionnaire en 1970 et, dans les années 1980, les fonctions d’affaires prennent le pas sur l’industrie, qui périclite. Un temps délaissés, les anciens sites industriels connaissent une reconversion vers des activités commerciales et de loisirs (musées, cafés, restaurants, etc.) dans les années 1990, et participent à l’attractivité touristique de Sapporo. Celle-ci n’est pas évidente, la ville comptant peu de sanctuaires ou de temples, dont le Hokkaidō Jingū, mais qui ne date que de 1869. Destinés à « japoniser » ce nouveau territoire lors de la colonisation, ils font pâle figure face aux constructions millénaires du reste du Japon. En revanche, avec l’organisation en 1972 des jeux Olympiques d’hiver, les premiers au Japon et en Asie, Sapporo acquiert une forte notoriété internationale. C’est l’occasion de populariser son Festival de la neige qui offre, depuis 1950, l’exposition de sculptures géantes de glace sur l’artère principale du centre-ville. Les Jeux de 1972 entraînent la construction du métro et de nombreuses rues marchandes souterraines. Les équipements sportifs dont la ville se dote pour l’occasion permettent à Sapporo de devenir par la suite la capitale des sports d’hiver du Japon et un temps, de l’Asie. Cette partie du Hokkaidō connaît des hivers rudes et fortement enneigés, même en plaine. Aussi des pistes de ski ont été aisément aménagées à l’ouest de la ville, sur les petits reliefs de quelques centaines de mètres seulement. Facilement accessibles depuis le centre-ville, elles font aujourd’hui de Sapporo une station de ski à part entière.
Concentrant les forces vives du Hokkaidō, la ville reste cependant toujours excentrée par rapport au reste de l’archipel. La liaison principale reste l’avion, mais la ligne à grande vitesse du Shinkansen relie depuis 2016 le sud de l’île de Hokkaidō à Honshū par le tunnel du Seikan. Il faudra encore attendre 2031 pour qu’une liaison directe mette Sapporo à cinq heures de Tōkyō.
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Écrit par
- Rémi SCOCCIMARRO : docteur en géographie, maître de conférences en langues et civilisations étrangères
Classification
Média
Autres références
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HOKKAIDŌ
- Écrit par Raphaël LANGUILLON-AUSSEL
- 942 mots
- 1 média
Hokkaidō (littéralement « la route de la mer du Nord »), anciennement appelée Yeso ou Ezo, est à la fois une île, un département et une région du Japon dont le chef-lieu est Sapporo. Avec ses 83 456 kilomètres carrés, il s'agit de la deuxième île la plus vaste de l'archipel, derrière Honshū, mais...
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