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SARAH MOON. PASSÉPRÉSENT (exposition)

L'expositionSarah Moon. PasséPrésent (prévue du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021), au musée d'Art moderne à Paris (MAM), a permis de mesurer l'étendue de la production artistique d'une photographe d'abord connue pour l’empreinte qu’elle a laissée dans la représentation de la haute couture.

La période Cacharel

Marielle Sarah Warin naît le 17 novembre 1941 à Vernon, dans le département de l'Eure. Son premier contact avec la mode tient au hasard d'une recherche de figuration pour le cinéma, qui suscite la proposition d'intégrer au début des années 1960 une agence de mannequins au sein de laquelle elle posera sous le nom de Marielle Hadengue. L'exercice en studio lui donne l'idée d'emprunter un appareil photographique pour s'essayer à son tour à la prise de vue, avec collègues modèles. Le résultat est suffisamment prometteur pour que Jean-Régis Roustan, le photographe qui l'avait fait poser pour L'Express, lui demande de le remplacer le temps d'une séance de studio. C'est à la faveur de cette première expérience qu'en 1967 la jeune photographe compose sa signature d'artiste en accolant le nom de « Moon » à son deuxième prénom.

Une étroite collaboration avec Corinne Sarrut, la styliste de Cacharel, se met en place dès l'année suivante. Pendant plus de trente années, le nom de Sarah Moon sera associé à la marque. Au gré des saisons hiver-été, une notoriété se forge en même temps que s'affirment un style, une recherche esthétique innovante diffusée par les magazines qui, entre Paris et New York, tiennent la chronique de la haute couture et du prêt-à-porter.

S'éloignant des représentations frontales de robes et de manteaux portés par les mannequins en studio, Sarah Moon imprime à ses compositions une forme narrative proche des courants romantique ou préraphaélite de la peinture, des tonalités des photographes pictorialistes du xixe siècle, des mises en scène d'« histoires » qu'elle apprécie chez ses aînés Guy Bourdin ou Helmut Newton. La composition d'« Old graces never die », parue en 1971 dans Nova, ou celle du « Salon de thé au chat borgne » imaginée en 1976 pour Sonia Rykiel rompent à leur tour avec les campagnes qui alignent les photographies des collections en catalogue. Elles imposent une vision inédite et singulière du chic. Publiées dans Elle, Nova, Vogue, Marie-Claire, Comme des garçons ou Harper’s Bazaar, les images de Sarah Moon partagent avec les collections Chanel ou Dior le fait d'être reçues et commentées dans l'espace artistique contemporain, comme l'atteste l'exposition montée en 1983 à l'International Photography Center de New York.

<em>La Mouette</em>, Sarah Moon - crédits : Sarah Moon

La Mouette, Sarah Moon

Le décès de Mike Yavel, son assistant, va conduire la photographe à entreprendre en 1985 une œuvre totalement personnelle, construite sur la poésie et la fiction, servie par une facture singulière jouant sur les demi-teintes, les aplats de couleurs utilisés comme des fards, un travail sur la mise au point plus proche de l'estompe que du flou, les accidents du traitement du film Polaroid grand format.

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Média

<em>La Mouette</em>, Sarah Moon - crédits : Sarah Moon

La Mouette, Sarah Moon