SARAZIN ou SARRAZIN JACQUES (1592-1660)
Né à Noyon, Jacques Sarrazin entre dans l'atelier de Nicolas Guillain. En 1610, il part pour Rome afin de compléter sa formation et y reste jusqu'en 1627 : il se trouve en contact avec le groupe des artistes de tendances classicisantes ou postmaniéristes qui précèdent l'éclosion du baroque. En 1620-1621, il travaille sous la direction de Maderno à la décoration des fontaines de la villa du cardinal Aldobrandini à Frascati ; les statues d'Atlas et de Polyphème sont de lui. L'influence de Michel-Ange y est sensible. Il se lie aussi avec le Dominiquin et fréquente les sculpteurs Francesco Mochi, Pietro Bernini, François Duquesnoy. Il fait la connaissance de son compatriote le peintre Simon Vouet qu'il retrouvera en France et avec lequel il collaborera. Précédé d'une réputation flatteuse, il apparaît vite à son retour comme le principal sculpteur du règne de Louis XIII. Un mécène, le président de Bullion, lui commande, ainsi qu'à Le Nôtre, le célèbre nymphée de son château de Wideville (1630-1632). Le Mercier qu'il a connu à Rome lui demande de sculpter, avec Guérin, les caryatides du pavillon de l'Horloge, dans la cour Carrée du Louvre. Avec Buyster, il décore le château de Maisons, élevé pour le président de Longueil par Mansart. Ses putti musiciens du grand escalier ont un charme nouveau dans la sculpture française. Ses Enfants à la chèvre (musée du Louvre) passeront plus tard à Marly et rappellent les premières œuvres de Bernin que Sarrazin a connues. Dans le domaine de l'art sacré, sa contribution est au moins aussi importante. Les deux anges qui s'agenouillent sur le maître-autel de Saint-Nicolas-des-Champs ont un accent baroque, cependant que le classicisme de Sarrazin reste prépondérant dans des œuvres comme le monument du cœur de Louis XIII, disparu sous la Révolution. Ses monuments funéraires, très importants, rompent avec les stéréotypes : celui du cardinal de Bérulle (Louvre) rend bien compte de la piété de son modèle ; quant au vaste ensemble du monument élevé à la mémoire d'Henri de Bourbon, le père du Grand Condé, installé aujourd'hui dans la chapelle du château de Chantilly, il témoigne du talent subtil d'un artiste qui a su modeler le bronze comme le marbre et dont le grand mérite est d'avoir tiré de sa torpeur la sculpture française en préparant l'avènement de la grande statuaire de Louis XIV.
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Écrit par
- François SOUCHAL : professeur à l'université de Lille
Classification
Média
Autres références
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- Écrit par François SOUCHAL
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