Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SARGON II ou SHARROU-KEN, roi d'Assyrie (721-705 av. J.-C.)

Sargon est la transcription hébraïque de l'assyrien Sharrou-ken, nom de règne signifiant « roi légitime » (Isaïe xx, 1). Ce nom fut probablement choisi en mémoire de deux anciens rois d'Assyrie, en particulier Sargon d'Akkad dit l'Ancien.

L'ascendance de Sargon II est partiellement entourée de mystère mais il est probablement l'un des plus jeunes fils de Téglath-Phalasar III et donc le frère de son prédécesseur Salmanasar V, lequel serait mort d'une façon ignominieuse ou aurait été déposé. Sargon a la lourde tâche de poursuivre les conquêtes de son père et de consolider l'administration de l'empire que ce dernier a commencé à assembler.

Dès son avènement, il se trouve immédiatement confronté à trois insurrections majeures. Les tribus chaldéennes et araméennes, guidées par Mardouk-apal-iddin II (le Mérodach-Baladan de la Bible), ont en effet profité du changement de souverain pour s'emparer en 720 des régions marécageuses du sud de la Babylonie. Le royaume de l'Urartu et les peuples septentrionaux des hauteurs arméniennes se soulèvent eux aussi contre le souverain assyrien. La domination de Sargon est par ailleurs contestée en Syrie et en Palestine. Il doit donc défendre ces territoires, conquis pour la plupart par Téglath-Phalasar III, mais aussi étendre son royaume afin d'asseoir la puissance du dieu Assour, dieu national de l'Empire assyrien. Il regagne ainsi le contrôle de la Syrie et de la Palestine entre 720 et 722, puis vainc l'Urartu en 714. Il reprend enfin la Babylonie à Mardouk-apal-iddin vers 709. Par ailleurs, il étend son empire sur les Mèdes, Chypre, qui lui verse tribut, et la ville hittite de Karkémish (717).

Lorsque Sargon monte sur le trône, Mardouk-apal-iddin décrit sa victoire sur les envahisseurs assyriens sur un cylindre d'argile qu'il dépose dans la ville d'Uruk (mentionnée dans la Bible sous le nom d'Erech). La présence de ce témoignage écrit ne plaît visiblement pas à Sargon. Après s'être affranchi de ses autres responsabilités, il déterre le cylindre de Mardouk-apal-iddin et l'emmène dans sa propre résidence, alors fixée à Kalhu (auj. Nimrud), après l'avoir remplacé par une version plus à son goût.

Les textes conservés révèlent peu de choses sur Sargon lui-même. À quelques exceptions, les rois mésopotamiens n'ont laissé aucun document permettant de reconstituer leur biographie. Il en va ainsi de Sargon, dont aucun document personnel ne nous est parvenu. On peut cependant raisonnablement penser que les qualificatifs qui ponctuent les inscriptions de Sargon, rarement utilisés pour les autres rois assyriens, ont rencontré son approbation, même si l'on ignore si certaines de ces tournures, prenant parfois la forme de véritables vers poétiques, n'ont pas été réalisées par Sargon lui-même ou ne lui ont pas été attribuées par ses historiographes. La découverte, à Nimrud, de présages rédigés en écriture cunéiforme sur des tablettes d'ivoire et de noyer recouvertes de cire d'abeille et présentant une inscription indiquant leur provenance du palais de Sargon jette également quelques lumières sur le personnage royal. Bien qu'il n'ait peut-être pas introduit la méthode d'inscription de textes cunéiformes sur de la cire, cette technique nouvelle de transcription semble l'avoir séduit. Cette hypothèse concorde avec l'intérêt que Sargon montre pour les projets techniques entrepris dans les villes passées sous sa domination. Le palais qu'il fait ainsi construire à Khorsabad sera inauguré en 706 av. J.-C. Sargon meurt moins d'un an plus tard, probablement au combat, et est remplacé par son fils Sénnachérib (Sin-Ahé-Ériba). Il aura été l'un des plus grands rois de l'Empire assyrien durant son dernier siècle d'existence. Cet apogée s'accompagne[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'assyriologie à l'université de Copenhague, auteur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

  • ASSYRIE

    • Écrit par et
    • 9 694 mots
    • 6 médias
    Après le court règne de Shoulman-asharédou V (726-722), le trône passe à Sargon II (Sharrou-Ken en assyrien), un autre fils de Téglathphalasar III. Ce grand souverain, qui possède l'énergie et les talents d'administrateur de son père, passe lui aussi son règne (721-705) en campagnes. Le changement...
  • BABYLONE

    • Écrit par et
    • 7 328 mots
    • 14 médias
    ...saisi par le Chaldéen Mardouk-apal-iddin II (le Mérodach-Baladan de la Bible), roi du Pays de la Mer, qui est protégé par les Élamites. Mais l'Assyrien Sargon II (721-705), ayant assuré sa domination sur le reste de l'Asie occidentale, s'empare de Babylone, où il néglige de prendre un nom de règne particulier....
  • MÈDES

    • Écrit par
    • 4 006 mots
    • 1 média
    Les premières opérations du rattachement des Mèdes à l'Empire assyrien ont lieu sous Sargon II (722-705) qui crée dans la Médie occidentale deux provinces assyriennes, ce qui semble provoquer un durcissement dans l'attitude du peuple soumis. Les intrigues de leurs chefs avec les ennemis de l'Assyrie...