SARRACÉNIALES
L'ordre des Sarracéniales réunit trois familles de plantes dicotylédones, les Sarracéniacées, les Népenthacées et les Céphalotacées. Elles ont en commun d'être des plantes présentant des modifications foliaires remarquables : les urnes, ou ascidies, constituant des pièges à insectes ; ceux-ci une fois digérés seraient une source d'appoint en azote organique. Ces faits leur ont valu le nom de plantes carnivores et les rapprochent d'autres plantes des marécages et des tourbières (Drosera, Dionaea) avec lesquelles elles vivent parfois en association. Ce ne peut donc être sur leur adaptation à la capture et à la consommation d'insectes, autrement dit sur leur comportement prédateur, que leur parenté phylogénique peut être fondée.
Les Sarracéniacées
Les Sarracéniacées sont des herbes vivaces qui croissent dans les lieux humides et les marécages de l'Amérique. Les feuilles radicales différenciées en pièges à insectes sont de couleur vive, parfois tachetées ou plus ou moins translucides. Les ascidies, renflées, présentent en général une expansion à leur partie supérieure. Les fleurs, fréquemment solitaires et tournées vers le sol, sont parfois au contraire groupées en grappe peu fournie (3 à 6 fleurs chez Heliamphora). On compte d'ordinaire cinq sépales, persistants, pétaloïdes, cinq pétales (parfois absents) libres et colorés. Les étamines multiples et libres ont des anthères basifixes à déhiscence latérale. La protandrie est généralement la règle. Le gynécée comporte trois à cinq carpelles soudés en un ovaire, triloculaire ou pentaloculaire, souvent nectarifère. Les placentas pariétaux saillants ont tendance à se réunir vers le centre de l'ovaire et portent des ovules nombreux et anatropes. Le style, simple dans sa partie inférieure, est dilaté au sommet, plus ou moins radié (Sarracenia). Le fruit est une capsule sphérique à déhiscence loculicide. Les graines, petites, à albumen charnu, renferment un embryon de petite taille à cotylédons allongés.
Les nombres chromosomiques sont 2 n = 26 chez les Sarracenia et 2 n = 30 chez Darlingtonia.
Les ascidies des Sarracéniacées ont depuis longtemps excité la curiosité des botanistes. Parmi les interprétations anciennes, signalons que R. Morison (1699), suivi par C. Linné, pensait qu'il s'agissait de réservoirs d'eau (la partie terminale de l'urne servant de couvercle), et M. Catesby (1754), de refuges pour les insectes. C'est à J. H. Mellichamp (1874) que revint le mérite d'avoir démontré, avec certitude, pour la première fois, le caractère insectivore des feuilles du Sarracenia minor Walter. Actuellement, on sait que ces feuilles modifiées, garnies de dispositifs particuliers (glandes, écailles, poils dirigés vers le bas), piègent insectes et petits animaux. Attirés par les sécrétions nectarifères, par la couleur des urnes, parfois remplies de liquide, ils meurent et se décomposent sous l'effet de bactéries. Signalons toutefois que plusieurs espèces d'insectes peuvent vivre à l'intérieur de ces ascidies.
Il existe trois genres de Sarracéniacées à répartition géographique disjointe : Heliamphora, dont on connaît actuellement six espèces, toutes originaires des confins du Venezuela et de la Guyane, région très pluvieuse où l'humidité du sol et de l'air est considérable ; Darlingtonia californica Torr., que l'on rencontre uniquement dans la partie ouest des États-Unis, aux limites de la Californie et de l'Oregon ; cette espèce, la seule du genre, est appelée plante-cobra, les feuilles – pouvant dépasser un mètre de hauteur – mimant un serpent dressé ; Sarracenia, dont il existe environ huit espèces et de nombreux hybrides dans la partie est de l'Amérique du Nord depuis la Floride et le Texas jusqu'à Terre-Neuve et au Labrador ; la plus répandue[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André CHARPIN : docteur ès sciences, conservateur au conservatoire et jardin botanique de Genève
Classification
Médias