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SARYCHEV, volcan

Le volcan Sarychev (1 496 m d'altitude) se situe sur l'île de Matua, qui fait partie de l'archipel russe des Kouriles. Cet alignement d'îles correspond à un arc volcanique dû à la subduction de la plaque Pacifique sous la plaque nord-américaine – plus exactement, sous la petite plaque Okhotsk – à une vitesse de 9 cm/an. La fosse des Kouriles est une des plus profondes du monde ; elle atteint au sud-ouest – c'est-à-dire au nord-est de l'île japonaise d'Hokkaidō – 10 540 mètres de profondeur.

Le Sarychev est un stratovolcan très actif, de type explosif et de nature magmatique andésitique, comme la plupart des volcans de subduction. Il est entré dans sa phase majeure explosive le 14 juin 2009, sa précédente éruption datant de 1989. L'île de Matua est inhabitée, donc pas de pertes humaines. Il n'y eut pas de tsunami qui aurait pu se produire consécutivement aux séismes sous-marins générés par les effets des humeurs du volcan ou de la chambre magmatique sous-jacente. Cependant, cette éruption a eu des conséquences sur le trafic aérien très dense dans cette région du monde : des cendres ont été retrouvées à 3 000 kilomètres de l'île de Matua et on connaît les effets dangereux des particules éruptives sur la structure et les réacteurs des avions, qui ont été parfois contraints à des atterrissages en urgence pour cause de panne d'« étouffement » dans la chambre de combustion des moteurs.

Mais il y a environ une dizaine d'éruptions par an de ce type explosif, alors pourquoi s'attarder sur celle-là ? Car, bien qu'il y ait de nombreux satellites d'observation de la Terre, la probabilité de coïncidence que l'un de ces derniers passe juste au-dessus d'un volcan au moment où il entre en éruption est très infime. La photographie qui accompagne ce texte est unique et, surtout, elle montre des phénomènes jamais observés. Elle a été prise par les astronautes de la Station spatiale internationale (I.S.S.) en orbite à environ 350 kilomètres d'altitude. On observe le panache de cendres et de gaz qui s'est élevé jusqu'à 10 kilomètres. L'onde sonore qui a accompagné l'explosion a soufflé l'épaisse couche nuageuse, permettant d'ouvrir une fenêtre pour l'observation visuelle depuis l'I.S.S. Plus étonnant encore, le sommet du panache montre une sorte de grosse bulle blanche : c'est en fait un nuage comme on n'en avait jamais vu, interprété comme l'effet de la condensation de la vapeur d'eau due à la montée rapide de masses d'air dans une zone bien plus froide. On peut aussi observer au sol une coulée plus claire faite de cendres, de gaz et de fractions solides plus volumineuses. Il s'agit d'une coulée pyroclastique, appelée plus communément nuée ardente, qui dévale les pentes à une vitesse de 400 à 600 km/h avec des températures de 200 à 900 0C.

Heureusement, cette éruption – dont on a peu parlé – n'a fait aucune victime humaine, « faute » d'habitants. Mais certains y verront peut-être le symbole d'un œil ouvert du ciel (l'I.S.S.) sur la vulnérabilité de l'homme face aux forces de la nature dont il dépend et qui, pourtant, lui ont permis, au fil de l'histoire de la Terre et de l'évolution, de devenir Homo sapiens sapiens.

— Yves GAUTIER

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

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