SASSANIDES
Les persécutions contre les chrétiens
Le long règne du successeur d'Ohrmazd II, Shābuhr II (309-379), fut marqué par de nouvelles guerres contre Rome et par la reprise des persécutions contre les chrétiens. Ceux-ci se trouvèrent en effet dans une situation très inconfortable et furent tenus pour des ennemis non seulement religieux mais politiques quand le christianisme fut reconnu comme une religion de l'Empire romain par l'édit de Milan (312) et que Constantin se fut converti (323). Les comportements maladroits et parfois violents de quelques chrétiens ne suffisent pas à justifier la répression de Shābuhr, comme le voudrait A. Christensen. Mais celle-ci atteste plutôt des habitudes déjà anciennes, remontant au iiie siècle : l'emprisonnement, la torture, la délation, le ré-endoctrinement de ceux qui étaient passés du mazdéisme au christianisme devinrent des pratiques courantes. Les Actes des martyrs perses, en syriaque, et les récits des historiographes arméniens sont une source précieuse sur ce sujet.
Les chrétiens eurent encore à souffrir de Mihr-Narseh, ministre de Yazdegrd Ier (399-420), et après le règne du très populaire Vahrām V (421-438), surnommé l'Onagre en raison de sa passion pour la chasse ; le même ministre entreprit, sous Yazdegrd II (438-457), d'obliger les chrétiens d'Arménie à embrasser la foi zoroastrienne, sans grand succès, semble-t-il, en dépit de l'envoi de sept cents mages. Quand, sous Vālaxsh (484-488), l'Église de Perse devint tout entière nestorienne et autonome, à la suite de divergences théologiques avec Rome, concernant surtout les deux natures dans le Christ, les persécutions s'apaisèrent, car les rapports entre l'Église et l'État en furent améliorés. Mais l'ordre social fut troublé à nouveau sous Kavād Ier (488-497), qui favorisa un mouvement revendicatif dirigé par Mazdak, adepte d'une secte manichéenne dont le fondateur fut un certain Bundos, et qui prônait le partage des biens, et même la communauté des femmes. Cet idéal « socialiste », qui réclamait l'abolition des inégalités, proscrivait la haine et la lutte violente. On dit qu'au cours d'une famine Mazdak aurait obtenu du roi qu'il permît aux affamés de s'emparer des provisions des bien-pourvus et qu'il punît de mort ceux qui s'obstinaient à ne pas partager. Le roi aurait aussi décrété des lois instaurant une plus grande justice dans la détermination des taxes et de l'impôt, et préconisant un mariage de caractère plus libre. Tout cela finit par mécontenter fortement le haut clergé et une partie de la noblesse. Kavād fut détrôné et emprisonné dans la « forteresse de l'Oubli » ; il réussit à s'en évader. Il reprit le pouvoir (499-531) et dut réprimer le mouvement des mazdakites, qui avait, semble-t-il, pris un caractère de violence et qui se réfugia dans la clandestinité.
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Écrit par
- Philippe GIGNOUX : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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