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SATAN

Toutes les religions croient en des esprits malfaisants. Dans la tradition judéo-chrétienne, toutefois, une telle croyance s'est structurée de manière originale autour de la figure d'un prince des démons, Satan ou le Diable : cette originalité se dégage de la comparaison avec des figures analogues qu'on peut observer dans le mazdéisme, la gnose, le manichéisme, le catharisme, et qui se présentent sous d'autres noms tels que Ahriman, le Prince des ténèbres, Satanaël. Esquissée dans l'Ancien Testament, la figure de Satan a été progressivement précisée par la théologie chrétienne ; cependant le problème doctrinal a toujours été complexe et controversé, car il ne s'agit pas là d'un objet qu'on puisse décrire en lui-même, mais d'une représentation qui ne se comprend que dans le contexte de systèmes théologiques variés s'efforçant d'interpréter les indications éparses des Écritures juives et chrétiennes.

Satan dans les Écritures

On ne trouve ni dans l'Ancien ni dans le Nouveau Testament de doctrine élaborée et systématique sur Satan. Ce nom dérive d'un verbe hébreu qui signifie « accuser, s'opposer ». Il n'apparaît que dans trois livres de l'Ancien Testament, ce qui est peu. Dans Zacharie et dans le livre de Job, il s'agit d'un nom commun, « le satan », qui désigne un des anges serviteurs de Dieu, l'ange accusateur de l'homme ; ce n'est que dans les Chroniques qu'il devient un nom propre, celui d'un adversaire de Dieu. La figure de Satan comme adversaire a été élaborée pour décharger Iahvé de la responsabilité du mal. Dieu ne distribue plus directement le bien et le mal ; il permet à l'ange mauvais de le faire, à titre d'épreuve ; enfin il tolère que Satan, devenu autonome, tente l'homme. Mais, dans la conception juive, les mauvais anges, et Satan en particulier, sont des créatures ; par là, cette conception se distingue essentiellement du dualisme, lequel pose deux principes originaires du bien et du mal.

Contrairement à l'Ancien Testament, les écrits tardifs (pseudépigraphiques, rabbiniques et esséniens) présentent d'abondantes spéculations sur les mauvais anges et leur chef, sans doute sous l'influence iranienne. Toute une mythologie de combat entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, etc., s'y trouve développée. Le chef des démons y prend des noms variés : Béliar, Sammaël, Azazel, Mastéma. Des thèmes nouveaux apparaissent : celui de la chute des anges (mythe d'origine) et celui d'un empire du mal sur la Terre. Mais la rhétorique dualiste n'entame pas la croyance en la nature créée des mauvais anges.

<it>La Tentation de Jésus</it> - crédits :  Bridgeman Images

La Tentation de Jésus

La démonologie du Nouveau Testament ne se comprend que dans le contexte de ces croyances tardives, mais l'accent est différent : les faits de possession diabolique sont mis en avant, pour souligner le pouvoir de libération du Christ. Les paraboles insistent sur le rôle de Satan, du Mauvais, du Malin, du Diable (le calomniateur), en tant qu'opposant à la Parole. Si l'origine de Satan reste voilée, son empire sur « ce monde » est par contre largement souligné. Mais les données héritées du judaïsme reçoivent une interprétation nouvelle, dans la mesure où elles sont situées dans l'histoire de la Rédemption.

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures de philosophie, économiste

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<it>La Tentation de Jésus</it> - crédits :  Bridgeman Images

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