- 1. De Spoutnik-1 à la National Geospatial-Intelligence Agency
- 2. Les satellites de reconnaissance pendant la guerre froide
- 3. Les nouvelles générations de satellites d'observation
- 4. La fin de l'apanage des États-Unis et de la Russie
- 5. Les civils aussi bien servis que les militaires
- 6. Les autres types de satellites espions
- 7. Bibliographie
SATELLITES ESPIONS
Les nouvelles générations de satellites d'observation
À la fin des années 1960, les limites des satellites Corona sont atteintes : leur durée de vie sur orbite étant au maximum de deux semaines, il faut, afin d'obtenir une couverture permanente, procéder à des lancements fréquents, ce qui conduit à des coûts élevés. Le président Johnson opte donc pour un nouveau programme, Hexagon, plus connu sous l'appellation Big Bird, qui combine la surveillance de zone et l'observation rapprochée ; la résolution visée est de 60 centimètres avec une caméra KH-9. Cet engin, d'une durée de vie allant jusqu'à six mois, est gigantesque : 15 mètres de longueur, 2,8 de diamètre, une masse 13 tonnes. Deux méthodes sont utilisées pour transmettre les photographies : le retour des films dans quatre capsules et la transmission par radio après développement de ceux-ci à bord. Le premier Big Bird est lancé le 15 juin 1971. Dix-neuf autres suivront de 1971 à 1988.
Avec le lancement, le 19 décembre 1976, du nouveau satellite KH-11 Kennan (qui deviendra Crystal), les États-Unis franchissent une étape importante dans l'espionnage spatial : les capteurs électroniques C.C.D. permettent désormais d'acquérir des images numériques qui peuvent être transmises par radio, presque en temps réel, à des stations au sol ou à des terminaux portables par l'intermédiaire d'un satellite relais S.D.S. (Satellite Data System). La résolution, de l'ordre de 10 centimètres, est obtenue, d'une part, grâce à un télescope de 2,3 m d'ouverture, d'autre part, en amenant le satellite à très basse altitude : un système de propulsion, alimenté par plusieurs tonnes d'ergols, lui permet de faire la navette entre son orbite d'attente (entre 250 et 500 km) et son orbite de travail (de 160 à 170 km) plusieurs dizaines de fois pendant sa durée de vie de deux ou trois ans, limitée uniquement par la quantité d'ergols. Un KH-11 repasse au-dessus de la même zone tous les quatre jours, peut prendre de 8 à 12 images par minute mais ne peut cependant pas transmettre des images d'objets en mouvement. Le coût d'un tel engin va évidemment de pair avec ses qualités : entre 700 et 900 millions de dollars. Avec sa durée de vie, en revanche, le lancement d'un seul satellite par an s'avère suffisant. Par rapport à ses prédécesseurs, le KH-11 voit aussi ses performances améliorées en matière de fiabilité, de souplesse d'utilisation et de traitement des données. Washington peut désormais discerner quasi instantanément le moindre objet à la surface de la Terre.
À la fin des années 1980, les Américains mettent en service deux nouveaux types de satellites, capables d'observer de nuit et par tous temps. Le 2 décembre 1988, le N.R.O. lance, avec la navette spatiale Atlantis, son premier satellite Lacrosse d'imagerie radar, doté de ces capacités ; cet engin a non seulement une résolution de l'ordre de 60 centimètres mais il permet aussi de scruter le sol jusqu'à 5 mètres de profondeur afin de détecter, par exemple, des caches d'armes. Le 28 février 1990, Atlantis déploie un nouveau satellite, un KH-12 Ikon. Par rapport au KH-11, le KH-12 bénéficie d'un nouveau dispositif de cartographie ainsi que d'une capacité infrarouge permettant de déjouer les camouflages et de détecter les sources chaudes (turboréacteurs, notamment). La capacité des réservoirs d'ergols est passée à 7 tonnes, ce qui lui permet de descendre de 600 à environ 130 kilomètres d'altitude afin d'obtenir une résolution de 10 centimètres. Cet engin d'une vingtaine de tonnes possède à la fois une capacité de surveillance d'une zone étendue et des modes à haute résolution sur une zone restreinte, ainsi que des dispositifs d'écoute électronique. Là encore, le coût est à l'avenant : entre 1,2 et 1,5 milliard[...]
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
Classification
Média
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