- 1. De Spoutnik-1 à la National Geospatial-Intelligence Agency
- 2. Les satellites de reconnaissance pendant la guerre froide
- 3. Les nouvelles générations de satellites d'observation
- 4. La fin de l'apanage des États-Unis et de la Russie
- 5. Les civils aussi bien servis que les militaires
- 6. Les autres types de satellites espions
- 7. Bibliographie
SATELLITES ESPIONS
La fin de l'apanage des États-Unis et de la Russie
Alors que pendant trois décennies deux pays seulement avaient mis au point et utilisé des satellites militaires d'espionnage, les choses vont changer dans les années 1990. Notons toutefois que, depuis 1978, la Chine dispose de satellites d'observation F.S.W. (Fanhui Shi Weixing : « satellite récupérable »), de 10 mètres de résolution et larguant des capsules de films. Ces engins sont probablement utilisés à des fins tant civiles que militaires.
Le 5 avril 1995, Israël lance son troisième satellite, Ofeq-3 (ou Ofek, ou Offek : « horizon », en hébreu), de 225 kilogrammes. Il s'agit du premier satellite d'observation israélien ayant vraisemblablement une capacité militaire puisque la résolution annoncée est de 1,5 m.
En photographiant des sites stratégiques soviétiques avec une résolution de 10 mètres, les satellites d'observation civils S.P.O.T. (Satellite probatoire d'observation de la Terre) ont permis à la France de disposer en propre d'informations dès 1986, et de ne plus dépendre du bon vouloir américain. Il faut toutefois attendre le lancement du satellite d'observation optique Helios-1A, le 7 juillet 1995, pour voir la France accéder au club très fermé des pays disposant de satellites espions. Exploité par la France, l'Italie et l'Espagne, Helios-1A a une résolution d'un mètre. Un deuxième satellite, Helios-1B, est lancé le 3 décembre 1999. Deux Helios-2 à capacités optique et infrarouge permettant la prise de vue de jour comme de nuit, ont été prévus ; le premier, Helios-2A, a été lancé le 18 décembre 2004. L'Allemagne a mis en service, en 2006, 2007 et 2008, une constellation de cinq satellites d'imagerie radar identiques SAR-Lupe (en allemand, Lupe signifie « loupe »), d'une résolution inférieure à 1 mètre ; ces cinq satellites, situés dans trois plans orbitaux différents mais quasi polaires à 500 kilomètres d'altitude, ont une durée de vie de dix ans. De son côté, l'Italie a lancé Cosmo-Skymed, son premier satellite radar en bande X, le 7 juin 2007, avec un lanceur Delta-2 à partir de la base américaine de Vandenberg. Ce satellite a été placé sur une orbite de 621 × 625 kilomètres d'altitude, inclinée à 97,90 sur l'équateur. Ce satellite de 1,8 tonne construit par Thalès-Alenia Space a une résolution d'un mètre dans son mode de fonctionnement le plus précis. La constellation Cosmo-Skymed comprendra à terme quatre satellites qui pourront fournir 1 800 images par jour. Alors que SAR-Lupe est un système purement militaire, Cosmo-Skymed est à vocation tant civile que militaire. Un accord de coopération a été établi entre la France et l'Italie sur ce segment des satellites d'observation : la Direction du renseignement militaire français reçoit les images de Cosmo-Skymed alors que l'Italie reçoit celles d'Hélios.
En 1996, la Thaïlande a manifesté de l'intérêt pour un satellite militaire de reconnaissance d'un mètre de résolution. La Turquie a exprimé un besoin identique à la fin des années 1990. Face à la menace des missiles balistiques de la Corée du Nord, le Japon a lancé le 28 mars 2003 ses deux premiers satellites espions, l'un optique, l'autre radar. L'Inde possède des satellites civils d'observation, les I.R.S. (Indian Remote Sensing Satellite), dotés de certaines capacités militaires. D'autres pays ont vraisemblablement des ambitions comparables en matière d'espionnage spatial.
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
Classification
Média
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