SĀVITRĪ
Mot sanskrit (sāvitrī, l'« incitatrice ») qui désigne d'abord une formule rituelle utilisée dans la cérémonie de l'initiation (upanayana). Au moment où le jeune garçon de bonne caste atteint l'âge de raison, vers huit ans, il est introduit dans le monde des adultes par le maître spirituel (guru) qui l'adopte en lui communiquant la teneur d'une strophe du Rig-Véda dont la répétition quotidienne, lors de l'exécution des rites privés, sera désormais une obligation absolue pour lui. Formé de trois vers octosyllabiques, ce mantra (« formule rituelle ») est, en fait, une prière adressée au dieu Soleil, dont la lumière est assimilée à celle de l'Intelligence cosmique : « Nous voulons voir la splendeur désirable du dieu incitateur : et, lui, puisse-t-il stimuler nos esprits. »
Ainsi la Sāvitrī est, en premier lieu, la prière adressée au dieu incitateur (savitṛ), mais elle est en même temps la puissance créatrice (śakti) de ce dieu ; et il est, en ce sens, légitime de la tenir pour une déesse. On l'assimile alors à la déesse Parole (vāc) et à Sarasvatī, la parèdre de Brahmā, qui préside aux fonctions intellectuelles et artistiques. Sāvitrī reste cependant une divinité purement liturgique, en ce sens qu'aucun temple ne lui est dédié, alors que son nom revient fréquemment dans les cérémonies. Les mythes et légendes qui la concernent sont très peu nombreux, mais le Mahābhārata connaît une Sāvitrī qui joue dans la mythologie hindoue un rôle comparable à celui d'Orphée chez les Grecs : un épisode de cette grande épopée la présente sous la forme d'une jeune femme qui, pour arracher son époux au dieu de la mort, n'hésite pas à le défier et à le vaincre par l'exercice de son intelligence (elle soutient avec le dieu une sorte de jeu dialectique, où elle remporte la victoire en surprenant son partenaire par la vivacité de ses réparties). Dans la conscience populaire hindoue, Sāvitrī est devenue l'image de l'épouse idéale dévouée à son mari jusqu'à la mort, et au-delà.
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
Classification
Autres références
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MAHĀBHĀRATA
- Écrit par Anne-Marie ESNOUL
- 4 061 mots
- 1 média
...oiseaux. On a détaché et traduit séparément de l'histoire des Pāṇḍava celle de Nala et Damayantī, amoureux types de la tradition indienne, et celle de Savitrī, le modèle des épouses qui, à force d'insistance et d'habileté, parvient à arracher son jeune mari, Satyavant, au pouvoir de Yama, le dieu des...