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SAWAH

Terme indonésien qui désigne un champ plat, limité par des diguettes pour retenir l'eau. Le mot « sawah » désigne par extension la rizière à culture humide. Ce système de culture connaît une large extension à Java où il occupe plus de 30 p. 100 du total de la superficie cultivée.

On distingue des sawah de plaine irriguées ou inondées et des sawah de montagne en terrasses. Ce type de culture permanente permet d'éviter les inconvénients des systèmes extensifs, qui s'accompagnent souvent d'érosion et de latéritisation des sols. Mais surtout, par la suppression de la jachère, par des rendements souvent élevés et la possibilité d'obtenir une deuxième récolte dans l'année, cette forme d'occupation du sol offre des conditions favorables au peuplement humain et permet des densités élevées.

Le riz de sawah exige un travail et des soins délicats. Il est, le plus souvent, semé en pépinières et repiqué ensuite : la part du travail humain est importante ; on utilise des buffles ou des bœufs, attelés à de petites charrues ou à des herses rudimentaires pour transformer le sol en boue liquide. La croissance de la plante exige un sarclage attentif et le maintien d'une couche d'eau indispensable entre les diguettes. Quelques jours avant la moisson, le champ est asséché et les tiges coupées une par une. Des cultures vivrières diverses peuvent succéder à la récolte du riz.

Dans la montagne, les sawah exigent les soins les plus ingénieux pour leur construction et leur entretien. Les terrasses cultivées épousent les courbes des versants, parfois beaucoup plus hautes que larges sur les pentes les plus fortes. Mais l'essentiel des sawah s'étend en plaine, au débouché des cours d'eau, et les travaux de terrassement sont plus aisés sur de faibles dénivellations et des champs élargis. Captation et répartition des eaux exigent alors des pratiques communautaires qui n'ont pas été sans influencer la cohésion politique et l'épanouissement social de la vie rurale : le système communautaire du Desa javanais est équivalent à la commune ; travail collectif et assistance mutuelle (gotong-rojong) sont nécessaires.

Les sawah sont encore loin de s'étendre sur toute l'étendue des plaines cultivables et irrigables. Par ailleurs, beaucoup ne profitent encore que de l'eau de pluie.

Ce système de culture, considéré parfois comme d'origine indienne, semble plus vraisemblablement de provenance indo-chinoise. Son aire d'extension déborde, en effet, largement les grands centres de colonisation indienne et s'étend ainsi dans l'île de Luçon avec les remarquables gradins submergés des Ifugaos.

— Jean PIWNIK

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