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SCALA DE MILAN

S'il n'est pas le plus célèbre, la Scala de Milan est certainement l'un des plus prestigieux théâtres lyriques du monde. Il prit la place du Teatro Ducale  théâtre du Palais ducal –, qui avait été plusieurs fois la proie des flammes et qui avait hébergé des opéras de Mozart ainsi que des ballets d'illustres chorégraphes. L'archiduc d'Autriche en confia la construction, en 1776, à Giuseppe Piermarini, brillant architecte néo-classique qui construisit le nouvel édifice en peu de temps à la place d'une église, Santa Maria della Scala, fondée au xive siècle par Beatrice della Scala, épouse du duc Bernabò Visconti, d'où son nom de Teatro alla Scala. La salle, parfait exemple de théâtre à l'italienne, est inaugurée le 3 août 1778 avec L'Europa riconosciutad’Antonio Salieri, accompagné de deux ballets.

Vue intérieure de la Scala de Milan après les bombardements - crédits : Gamma-Keystone/ Getty Images

Vue intérieure de la Scala de Milan après les bombardements

L'édifice subit au cours des temps quelques remaniements (agrandissements, modernisation, construction d'un théâtre secondaire, la Piccola Scala, en 1955), ainsi qu'une reconstruction partielle après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, qui n'ont pas altéré toutefois le projet initial de Piermarini. Ce théâtre, qui compte environ trois mille places, appartenait à la noblesse, qui possédait les loges, appuyée par la municipalité de Milan. Dans les années 1920, la propriété des lieux échappe peu à peu aux palchettisti (les détenteurs des loges) et s'oriente vers des modes de gestion analogues à ceux de toutes les grandes maisons théâtrales.

La célébrité de la Scala, qui s'impose comme le principal théâtre lyrique italien vers les années 1830, est le résultat d'un ensemble de facteurs : la position géographique de Milan place cette ville à petite distance de Paris comme de Vienne, qui était l'un des grands centres de l'opéra italien depuis le xviie siècle. À cette position stratégique s'ajoute une situation centrale dans la plaine du Pô qui, sur toute la longueur du fleuve, forme un véritable vivier de l'art lyrique, avec une densité de théâtres, petits, moyens et grands, sans égale dans l'Italie entière. Cette région est pendant longtemps sous occupation étrangère, essentiellement autrichienne, si l'on fait exception de la brève occupation française. Jusque vers la révolution de 1848, qui provoque un raidissement du régime autrichien, la censure domine comme partout en Italie mais se montre moins tatillonne que dans d'autres régions comme les États pontificaux (Rome) et le royaume des Bourbons de Naples. Ajoutons qu'à côté de l'aristocratie, qui domine partout en Italie, émerge petit à petit à Milan une bourgeoisie riche et lettrée qui, avec la noblesse, va constituer un public nombreux et exigeant.

Ces conditions relativement favorables attirent les compositeurs, qui considèrent qu'un succès à Milan représente une consécration : non seulement les compositeurs de la région aspirent à entrer à la Scala, comme Donizetti, de Bergame, ou Verdi, né près de Parme, mais également tous ceux qui espèrent accéder à la gloire, comme Rossini, de Pesaro, ou Bellini, de Catane. La renommée du théâtre explique qu'il fut le siège de retentissantes créations, comme celles de Norma de Bellini (1831) ou de Lucrezia Borgia de Donizetti (1833). C'est à la Scala que Verdi connut son premier triomphe avec Nabucco (1842) ; si les rapports du musicien avec le théâtre furent souvent houleux, c'est quand même à la Scala qu'il produisit ses deux derniers opéras, Otello (1887) et Falstaff (1893), qui furent considérés comme des événements européens. Cette politique de créations prestigieuses se poursuivit en plein xxe siècle avec la création italienne de plusieurs opéras étrangers (de Richard Strauss, de Tchaïkovski, de Debussy), sans parler de musiciens italiens comme[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III

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Vue intérieure de la Scala de Milan après les bombardements - crédits : Gamma-Keystone/ Getty Images

Vue intérieure de la Scala de Milan après les bombardements

Toscanini - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Toscanini

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 - crédits : Daniel Dal Zennaro/ EPA

Stéphane Lissner 

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