SCANDINAVIE
Les pays scandinaves se rassemblent au nord de l'Europe ; ils sont formés en grande partie par l'énorme péninsule scandinave, qui comprend la Suède et la Norvège et que prolonge au sud le Danemark. Des îles plus ou moins lointaines leur sont rattachées : l'Islande qui constitue le quatrième État scandinave, le Svalbard (dont l'archipel du Spitzberg) et les Fär Ö (ou Féroé) qui dépendent respectivement de la Norvège et du Danemark. Bien que ne faisant pas partie des pays scandinaves, avec lesquels elle n'a que des liens économiques limités, la Finlande forme avec la Norvège et la Suède une même entité géographique, la Fenno-Scandie, tandis que le Danemark peut être considéré du point de vue physique comme l'appendice septentrional de la plaine germano-polonaise. Tous ces pays, luttant contre le handicap commun d'une latitude élevée, ont réussi à tirer parti de leurs ressources et, même s'ils ont tendance à former bloc, ils gardent leur indépendance politique.
L'unité substantielle des anciennes civilisations scandinaves résulte d'abord de la communauté linguistique. Les différents rameaux de la branche nordique du germanique sont en effet restés très proches les uns des autres jusqu'au xie siècle au moins ; l'intercompréhension était si aisée qu'un seul nom les désignait, dönsk tunga, « langue danoise », ou norrön tunga, « langue norroise ». Dans les autres domaines, l'évolution n'a longtemps apporté que des nuances : institutions et cadres économiques et sociaux sont encore au xiie siècle extrêmement voisins dans les trois royaumes ; même les colonies d'outre-mer ne s'en écartent encore que de peu. D'un pays à l'autre, hommes et idées ont toujours circulé abondamment, mais les milieux géographiques diffèrent profondément et les orientations politiques ont divergé de plus en plus à partir de l'âge des Vikings. À propos de chaque phénomène, il faut donc envisager à la fois les aspects communs et les particularités propres à chaque région.
Malgré sa situation géographique, qui en fait souvent le conservatoire d'institutions archaïques, la Scandinavie n'a jamais constitué un isolat. Tous les grands courants de civilisation de l'Europe du Nord-Ouest l'ont affectée, et quelques-uns de ceux de l'Europe orientale. C'est ainsi que les archéologues distinguent dans son âge du fer des périodes d'influence celtique, puis d'influence romaine. Plus tard, la Scandinavie joue un rôle sensible dans le déclenchement des Grandes Invasions. En dépit d'une inactivité relative, elle suit l'évolution du monde mérovingien. L'âge des Vikings lui-même comporte presque autant d'importations culturelles que d'influences exercées sur l'extérieur. C'est seulement après la conversion au christianisme que les échanges se font presque à sens unique : accueillant à tout ce qui vient du monde latin, le Nord cesse à peu près d'y faire sentir son action propre.
On appelle langues scandinaves un groupe de langues étroitement apparentées, bien qu'ayant développé chacune une personnalité propre et une littérature originale, toutes dérivées d'un même ancêtre descendant de l'indo-européen, le nordique commun (urnordisk), lui-même dérivé d'un germanique commun reconstitué hypothétiquement et dont proviennent également le germanique oriental (le gotique notamment) et le germanique occidental (d'où dérivent l'anglais et l'allemand modernes). Le groupe comprend, actuellement, le suédois (près de neuf millions de locuteurs), le danois (cinq millions), le norvégien (quatre millions), sous deux formes différentes qui tendent aujourd'hui à se rapprocher, l'islandais (deux cent mille) et le féroéen (îles Féroé, trente mille).[...]
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Écrit par
- Martin Edvard BLINDHEIM : conservateur en chef du département médiéval du Musée historique de l'université d'Oslo
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Georges CHABOT : directeur honoraire de l'Institut de géographie de l'université de Paris
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Nicole PÉRIN : agrégée de l'Université, docteur en histoire, professeur d'histoire et géographie, chargée de cours à l'université de Rouen
- Jean-Michel QUENARDEL : docteur ès sciences, maître de conférences
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Médias
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